La néobanque Revolut se prépare à poser ses valises au Maroc. Valorisé à 65 milliards de dollars, le géant britannique des services financiers numériques a engagé des discussions avancées avec Bank Al-Maghrib dans l’objectif d’y établir sa première implantation sur le continent africain.
Après une série d’échanges techniques menés au cours de l’été, le conseil d’administration de Revolut prévoit de faire le déplacement à Rabat en octobre. À cette occasion, ses dirigeants exposeront officiellement les contours de leur projet devant l’autorité monétaire marocaine.
Le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a confirmé cette démarche le 23 septembre, à l’issue de la réunion trimestrielle du Conseil de la banque centrale. Il a toutefois rappelé que l’octroi d’un agrément bancaire reste soumis à des exigences strictes, notamment la robustesse du modèle économique, l’apport pour l’économie nationale, le respect des cadres réglementaires et la préservation de l’équilibre du secteur.
« Aucun nouvel acteur ne peut venir perturber l’ordre établi », a-t-il averti, soulignant que dans d’autres juridictions, Revolut s’était vu accorder des licences limitées à certaines activités.
En parallèle des échanges institutionnels, l’entreprise affine son implantation. Des chasseurs de têtes ont été mobilisés pour constituer une équipe locale. À sa tête, Amine Berrada, ingénieur formé à CentraleSupélec, passé par la Banque mondiale, Uber et Bpifrance.
Si le feu vert est donné, Revolut entend proposer au Maroc son offre freemium, alliant services bancaires accessibles et transferts internationaux à coûts réduits. Un modèle pensé pour séduire une clientèle jeune et connectée, tout en pesant sur le marché des envois de fonds, dont les flux ont dépassé 117 milliards de dirhams en 2024.
Mais plusieurs conditions restent à remplir. Le cadre réglementaire marocain doit encore progresser sur des volets sensibles comme la protection des consommateurs, la gestion des données ou la lutte contre les fraudes. Des chantiers que Bank Al-Maghrib compte mener à bien pour encadrer l’arrivée de nouveaux acteurs sans compromettre la stabilité du système.
La visite prévue en octobre s’annonce déterminante. Elle pourrait ouvrir la voie à l’entrée de Revolut sur le marché marocain et inscrire une nouvelle étape dans l’évolution numérique du paysage bancaire national.
