À l’ombre des minarets de la médina millénaire, entre les ruelles sinueuses et les échoppes d’artisans, un ancien riad se réinvente en ambassade du patrimoine marocain. Riad El Amine Fès, joyau architectural du XIXᵉ siècle, vient d’être admis au sein du cercle très fermé de Historic Hotels Worldwide, réseau international qui célèbre les hôtels à forte valeur historique et culturelle. Une reconnaissance qui dépasse la simple distinction hôtelière : elle consacre une vision du tourisme fondée sur la transmission, la restauration et l’authenticité.
Derrière cette consécration, il y a une ambition portée par ses propriétaires : faire de ce lieu un espace de mémoire autant qu’un espace d’accueil. Loin des codes du luxe standardisé, Riad El Amine Fès mise sur l’immersion patrimoniale. Chaque mosaïque, chaque stuc, chaque poutre sculptée raconte l’histoire de la ville et de ses bâtisseurs. « Restaurer, ce n’est pas reproduire, c’est retrouver l’âme », résume Amine Jawhar, directeur du riad.
Cette démarche rejoint un mouvement plus vaste. Dans une médina classée par l’UNESCO, où l’urgence de la préservation se conjugue avec les défis de la modernité, de nombreux acteurs locaux redonnent vie à des édifices anciens pour les ancrer dans le présent. Le boom touristique récent – +30 % de visiteurs sur les deux derniers mois – en atteste : le modèle séduit une clientèle en quête de sens, de culture et d’expériences singulières.
Créé par le National Trust for Historic Preservation aux États-Unis, le label Historic Hotels Worldwide regroupe aujourd’hui une collection de plus de 300 établissements dans 47 pays. Tous répondent à des critères stricts : bâtis il y a plus de 75 ans, porteurs d’une histoire et témoins d’un héritage culturel. Riad El Amine y rejoint des palais ottomans, des monastères reconvertis, ou encore des haciendas coloniales, incarnant la singularité marocaine dans un réseau global.
Mais au-delà du prestige, cette labellisation questionne le rapport à la mémoire dans un pays en pleine mutation. Elle suggère que la valorisation du patrimoine ne passe pas uniquement par les grandes institutions, mais aussi par des initiatives privées engagées, conscientes que la beauté d’un lieu restauré est aussi une promesse d’avenir.