Face à l’essor du trafic aérien et à l’ambition de porter sa flotte à quelque 200 appareils d’ici 2037, Royal Air Maroc engage une vaste campagne de recrutement de pilotes, au Maroc comme à l’international.
Cette montée en puissance ne sort pas de nulle part. Ces derniers mois, plusieurs signaux ont confirmé un tournant dans la stratégie de la compagnie. En juin, RAM lançait discrètement le recrutement de 96 élèves pilotes, dans le cadre d’un programme de formation pensé pour répondre à l’explosion des besoins à venir. Une goutte d’eau à l’échelle du projet, mais une première alerte sur la reconfiguration à venir.
Actuellement, la flotte compte à peine une cinquantaine d’appareils. Atteindre l’objectif fixé pour 2037 suppose de quadrupler les effectifs d’avions, mais aussi d’équipages. Or la formation d’un pilote qualifié demande en moyenne trois à quatre ans, sans compter la certification sur les appareils de nouvelle génération, comme les Boeing 787 ou les Airbus A220 déjà exploités par RAM.
La direction de la compagnie s’emploie donc à diversifier ses canaux de recrutement. Au-delà de la filière classique d’élèves formés au Maroc, l’ouverture à des profils expérimentés venus de l’étranger est désormais à l’ordre du jour. Selon plusieurs sources concordantes, RAM prévoit de faire appel à des pilotes internationaux, en particulier pour accélérer le remplissage de ses effectifs long-courriers. Parallèlement, des dispositifs incitatifs sont à l’étude pour retenir les cadres proches de la retraite, alors que la concurrence sur les profils qualifiés reste forte à l’échelle mondiale.
Cette orientation répond à une dynamique plus large. En 2024, le Maroc a accueilli près de 17,5 millions de touristes, un chiffre record qui ne cesse de croître. La stratégie du gouvernement, couplée aux investissements dans les infrastructures et au positionnement du Royaume comme hub régional, crée un effet d’entraînement dont RAM est l’un des bénéficiaires directs. L’extension des dessertes, la montée en fréquence des liaisons existantes et la conquête de nouveaux marchés exigent une réponse rapide sur le plan opérationnel.
S’il reste discret sur le détail de ses projections, le management de RAM sait qu’il entre dans une course contre la montre. Former, recruter et intégrer plusieurs centaines de pilotes en une décennie ne se fera ni sans moyens ni sans anticipation. C’est tout l’enjeu de la phase actuelle : préparer, dès maintenant, l’appareil humain à la dimension qu’exigera la compagnie dans dix ans.
Derrière cette campagne de recrutement, c’est une part de la souveraineté aérienne du pays qui se joue. Car pour accompagner les ambitions touristiques, diplomatiques et économiques du Maroc, Royal Air Maroc devra elle aussi voler plus haut, plus loin, et plus vite.





