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jeudi 12 juin 2025

Santé mentale au travail : le Maroc face à un angle mort

Au Maroc, le burn-out n’est plus un tabou discret, mais une réalité massive encore largement ignorée par les entreprises. Une enquête conduite auprès de plus de 160 cadres et dirigeants révèle l’ampleur du phénomène : 82 % disent avoir été confrontés de près ou de loin à un épuisement professionnel. Plus de six sur dix l’ont vécu personnellement. Et dans 71 % des cas, aucun dispositif clair de soutien ou de prévention n’était disponible au sein de leur structure.

L’étude, menée par Dina Lahlou, coach exécutive spécialisée dans l’accompagnement holistique et le burn-out, met au jour une défaillance structurelle des environnements de travail. Avant l’effondrement, les signes sont là : fatigue persistante, troubles du sommeil, nervosité accrue, douleurs inexpliquées. Ces symptômes, trop souvent minimisés, traduisent un déséquilibre profond dans les modes de vie professionnels. Ils ne relèvent pas d’une faiblesse individuelle, mais d’un dysfonctionnement collectif.

À l’heure où les critères ESG et les politiques RSE prennent de l’ampleur dans les stratégies d’entreprise, la santé mentale reste le parent pauvre de la performance durable. Repenser les modèles managériaux devient urgent. En France, les troubles psychologiques sont déjà la première cause des arrêts maladie de longue durée, pesant pour près d’un quart des cas. Aucun chiffre équivalent n’existe au Maroc, mais l’absence de données ne masque pas la réalité du terrain.

À travers cette enquête, une campagne de sensibilisation est lancée pour alerter et mobiliser tous les acteurs — entreprises, institutions, citoyens — autour d’un impératif commun : préserver les forces vives du pays. Cette dynamique s’inscrit dans la vision d’un développement plus humain et équitable, soutenue par le Royaume. Selon Dina Lahlou, « le burn-out n’est pas une faille personnelle, c’est une alerte du corps et du système ». Elle appelle à réconcilier exigence professionnelle et équilibre de vie avec humanité et lucidité.

Les femmes et les hommes qui incarnent les transformations économiques et sociales du Maroc avancent souvent à flux tendu. Leur engagement ne peut être durable que si leur bien-être est protégé. Ce chantier-là, estime l’experte, doit désormais occuper une place centrale dans les politiques RH et les engagements sociétaux.

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