Les services d’urgence figurent au cœur de la réforme du système de santé. Le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tahraoui, a réaffirmé mardi devant la Chambre des conseillers leur caractère vital, tout en pointant les nombreuses limites qui freinent leur efficacité actuelle.
Face aux élus, il a reconnu des dysfonctionnements persistants, à commencer par la surcharge chronique des urgences publiques. Une situation aggravée, selon lui, par le fait que près de 60 % des cas traités ne relèvent pas d’une réelle urgence médicale, ce qui désorganise les équipes et nuit à la qualité des soins.
Pour y remédier, le ministère a lancé un plan d’action immédiat, déployé sur dix semaines. Il prévoit une réorganisation des services, une harmonisation des protocoles médicaux, ainsi qu’une présence continue des médecins. Le dispositif comprend aussi une refonte de la signalétique dans tous les établissements, l’amélioration des conditions de travail des soignants et la réhabilitation des espaces d’accueil pour les patients.
Au-delà de ce premier volet, une réforme plus profonde est en cours. Elle mise sur le renforcement de la formation en médecine d’urgence, l’introduction de dispositifs incitatifs pour attirer davantage de praticiens, et le développement de réseaux de prise en charge pré-hospitalière de type SAMU. L’objectif est de professionnaliser durablement ce maillon essentiel du parcours de soins.
Le ministre a également été interpellé sur la situation sanitaire en milieu rural. Il a rappelé que depuis 2021, son département s’attèle à corriger les inégalités d’accès aux soins, notamment à travers la création de nouveaux établissements dans des zones enclavées. À titre d’exemple, les hôpitaux de proximité de Midar, Talsint et Ahfir desservent désormais plus de 170 000 habitants. À Tinghir, un nouvel hôpital provincial viendra renforcer l’offre de soins pour plus de 300 000 personnes.
Ces efforts s’inscrivent dans le cadre d’un vaste programme de rénovation de 1400 centres de santé de proximité, à livrer d’ici fin 2025. Ces unités, conçues selon un référentiel unifié, proposeront des équipements modernes, des espaces d’accueil adaptés et une connexion au système numérique national.
Le ministre a enfin évoqué la programmation de 66 projets hospitaliers sur la période 2022–2027, représentant plus de 7000 lits supplémentaires. En parallèle, des CHU sont en cours de construction dans plusieurs régions, afin de rapprocher les soins spécialisés des populations et limiter les déplacements vers les grandes villes.