Pendant une semaine, l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) a été le théâtre d’échanges scientifiques et technologiques de haut niveau. Avec plus de 4500 participants, 90 experts internationaux, 45 conférences et 30 ateliers, la Science Week 2025 a exploré les grands défis du futur sous le thème “Shaping the Future”.
L’édition 2025 a mis en lumière des enjeux majeurs tels que l’intelligence artificielle, les transitions industrielles, la souveraineté scientifique en Afrique, les défis énergétiques et miniers, ainsi que l’innovation en agriculture et en santé. L’hydrogène vert a occupé une place centrale dans les discussions. Philippe Esposito, co-fondateur de DH2 Energy, a insisté sur la nécessité d’une approche intégrée combinant production locale, infrastructures adaptées et industrialisation des chaînes de valeur. Dans le secteur minier, la session “Mining the Future” a mis en évidence la hausse de la demande mondiale en métaux stratégiques et l’urgence d’une exploitation plus durable. Richard Lilly, géologue d’exploration, a présenté les tendances vers une automatisation avancée et une gestion optimisée des ressources. Toufik Ait Ettajer, conseiller en stratégie à Repsol, a souligné l’importance des stratégies de neutralité carbone et du captage du CO₂.
L’intelligence artificielle appliquée à la médecine a suscité de vifs débats sur les biais algorithmiques, la fiabilité des diagnostics automatisés et leur impact sur la formation médicale. Choukri Ben Mamoun, professeur à l’université de Yale, a présenté les avancées en médecine prédictive tout en soulignant les limites des modèles actuels. Intissar Hadiya, professeure de néphrologie, a rappelé la nécessité d’un encadrement rigoureux pour garantir une complémentarité entre IA et expertise humaine.
L’événement a aussi mis en avant des innovations ambitieuses. AlgaTech, un robot capable de collecter et recycler les algues pour produire des biocarburants et des engrais naturels, et Ecolink, une plateforme numérique connectant entreprises et recycleurs pour optimiser la gestion des déchets, ont illustré la capacité des nouvelles technologies à répondre aux défis environnementaux.
L’architecture a également été à l’honneur avec la présentation du Grand Stade Hassan II, qui deviendra le plus grand stade au monde avec 115 000 places. Son concepteur, Tarik Oualalou, a imaginé une structure mêlant design inspiré des traditions marocaines et performance énergétique.
Le Village Scientifique a offert aux chercheurs, étudiants et grand public une immersion au cœur des dernières avancées technologiques, à travers des expositions interactives et des démonstrations en direct. L’événement a également accueilli “Le 5e Élément”, une exposition artistique célébrant le patrimoine naturel à travers l’art et la science. Les artistes africains Barthélémy Toguo et Jems Koko Bi y ont exploré les interactions entre les éléments naturels et leur impact sur notre environnement.
“La science n’est pas une abstraction confinée aux laboratoires et aux publications. C’est une force en mouvement, un levier qui transforme nos sociétés, nos économies et nos manières d’appréhender le monde”, a déclaré Hicham El Habti, président de l’UM6P.
Dans cette dynamique, l’édition 2026, placée sous le thème “Convergence(s)”, explorera les interactions croissantes entre disciplines, industrie et politiques publiques. L’enjeu est clair : penser la science comme un espace où les savoirs et les innovations s’entrelacent pour façonner l’avenir.