Alors que les marchés internationaux traversent une période d’incertitude, le marché obligataire marocain révèle des signaux mixtes selon BMCE Capital Global Research (BKGR), avec une tension croissante sur la liquidité bancaire, une baisse généralisée des taux dans le secondaire, et une prudence manifeste du Trésor sur le marché primaire.
Au cours de la semaine écoulée, la liquidité bancaire s’est fortement détériorée, avec un déficit moyen qui grimpe de 21,9 % pour atteindre -168,3 milliards de dirhams. Dans ce contexte, Bank Al-Maghrib réduit ses avances à 7 jours à 49,2 milliards de dirhams, contre 51,7 milliards une semaine plus tôt. Une posture moins accommodante, en ligne avec une volonté de réguler prudemment l’excès de tension.
En parallèle, le TMP glisse à 2,25 %, tandis que le MONIA, autre indice de référence interbancaire, recule légèrement à 2,231 %. Autre indicateur à surveiller : l’encours quotidien des placements du Trésor, qui atteint un pic de 51,1 milliards de dirhams, contre seulement 8,2 milliards durant la période précédente. Un recours massif qui reflète l’abondance de trésorerie du Trésor… et sa stratégie de temporisation sur le marché primaire.
Lors de la dernière adjudication, seul un emprunt a été réalisé : une levée de 300 millions de dirhams sur la maturité 5 ans, soit à peine 12 % du montant total proposé. Le taux limite retenu de 2,63 % marque une baisse de 24,9 points de base par rapport à la dernière émission comparable, confirmant la volonté du Trésor de ne pas surpayer en période d’attentisme.
Sur le marché secondaire, les taux enregistrent un mouvement général à la baisse. Les titres à 5 ans reculent de près de 4 points de base, tandis que les maturités à 26 et 52 semaines affichent respectivement des baisses de 2,37 et 2,19 points. Le marché semble anticiper un futur cycle d’assouplissement monétaire au niveau international, stimulé notamment par les perspectives de baisse des taux directeurs dans les économies avancées.
À court terme, Bank Al-Maghrib devrait poursuivre la modération de ses interventions, tandis que le Trésor continue de bénéficier de marges de manœuvre confortables grâce à sa récente sortie sur les marchés internationaux. Toutefois, la volatilité extérieure – dopée notamment par la politique tarifaire américaine – appelle à une gestion plus agile et moins prévisible de la courbe des taux.