Bank Al-Maghrib a choisi de maintenir inchangé son taux directeur à 2,25 %, prolongeant ainsi une pause entamée en mars dernier. Cette décision, la troisième consécutive, confirme la prudence de la Banque centrale face à un contexte marqué par le ralentissement de l’inflation au Maroc.
Selon le dernier rapport d’Attijari Global Research, cette orientation monétaire vise à consolider les signaux de désinflation observés depuis le début de l’année, tout en évitant un relâchement prématuré de sa politique. Une approche jugée mesurée dans un environnement où l’indice des prix à la consommation affiche une progression quasi nulle, à 0,1 % en octobre.
Dans ses nouvelles prévisions, la Banque centrale abaisse son estimation d’inflation pour 2025 à 0,8 %, un niveau nettement inférieur à l’objectif de stabilité des prix fixé à 2 %. En parallèle, BAM revoit à la hausse sa prévision de croissance, désormais attendue à 5 % pour l’année, portée par une reprise soutenue de la demande intérieure, notamment via la consommation et l’investissement public et privé.
Malgré l’assouplissement entamé en septembre 2024, la transmission aux taux débiteurs reste partielle. Depuis cette date, le taux directeur a reculé de 75 points de base, contre un repli limité à 58 points pour les taux appliqués aux crédits. Une lenteur de transmission qui incite BAM à temporiser avant de procéder à d’éventuelles baisses supplémentaires.
Le rapport d’AGR souligne également une légère tension sur les taux moyens et longs au quatrième trimestre, sous l’effet combiné du statu quo monétaire et d’un rééquilibrage des portefeuilles des investisseurs institutionnels vers des placements mieux rémunérés. Les taux primaires à court terme ont ainsi enregistré une hausse moyenne de 9 points de base sur la période, signe que les anticipations d’un nouvel assouplissement à court terme se sont atténuées.
Côté liquidité, les besoins du système bancaire devraient s’accentuer dans les années à venir. En 2027, ils pourraient atteindre 158 milliards de dirhams, tirés par une croissance soutenue de la circulation fiduciaire, qui dépassait déjà les 470 milliards en octobre dernier. Les réserves de change, elles, restent solides, frôlant les 450 milliards attendus en 2027.
Les taux débiteurs, restés quasiment stables au troisième trimestre à 4,85 %, ont accompagné la hausse modérée des crédits, en progression de 3,6 % sur les dix premiers mois de l’année. Cette dynamique devrait s’accélérer pour atteindre une croissance moyenne de 5 % en 2026 et 2027.
Attijari Global Research estime enfin que BAM dispose encore d’une marge pour poursuivre son cycle d’assouplissement en 2026, avec un premier objectif ramenant le taux directeur à 2 %.
