Sous le soleil printanier de la côte atlantique, la station de Bouznika a accueilli, samedi, les travaux de la grande convention annuelle du réseau Welcome Travel Group, réunissant plus de 2 500 agences de voyages italiennes. Organisé sous l’égide de l’Office National Marocain du Tourisme (ONMT), cet événement stratégique marque un tournant dans la coopération touristique entre le Maroc et l’Italie.
Autour de la table, des responsables marocains du secteur, mais aussi de grandes figures du tourisme italien et des partenaires aériens. L’objectif affiché consiste à booster les flux touristiques entre les deux pays, à l’heure où le Royaume veut élargir et diversifier ses marchés émetteurs avec, en ligne de mire, la Coupe du Monde 2030.
Achraf Fayda, Directeur général de l’ONMT, a ouvert les travaux avec un message fort : « Le Maroc est désormais la première destination touristique en Afrique, avec 17,4 millions de touristes en 2023. »
Mais si le bilan est impressionnant, le potentiel reste immense. En 2023, moins d’un million d’Italiens ont visité le Royaume — dont la moitié sont des Marocains résidant en Italie. « C’est un chiffre que nous voulons doubler, tripler, voire quadrupler. Les Italiens aiment la nouveauté, les expériences, les cultures différentes. Et le Maroc a tout pour plaire », a plaidé Fayda.
Le message est clair : le gouvernement marocain croit au tourisme. « Plus d’un milliard d’euros d’investissements publics sont prévus sur les dix prochaines années », a rappelé le DG de l’ONMT.
Un effort titanesque complété par un programme majeur de transformation urbaine : « Le Maroc investit un demi-milliard d’euros dans chacune des six villes hôtes de la Coupe du Monde 2030 », a-t-il ajouté.
La stratégie aérienne suit le même tempo. Royal Air Maroc, représentée par sa Directrice commerciale Ilham Kazzini, a dévoilé une montée en puissance ambitieuse : « Notre flotte passera de 60 avions à 130 d’ici 2030 ».
Concrètement, dès septembre prochain, une nouvelle ligne directe Marrakech-Milan sera lancée. Rome, Bologne et d’autres destinations suivront. Autre bonne nouvelle : un accord de partage de codes avec ITA Airways, qui ouvre la voie à une meilleure connectivité entre les deux rives de la Méditerranée. « Le potentiel est énorme entre l’Italie et le Maroc. Nous invitons nos partenaires à le saisir pleinement », a-t-elle insisté.
Andrea Giuricin, économiste à l’Université de Milan-Bicocca, a replacé cette dynamique marocaine dans un contexte global de reprise post-pandémie : « Le tourisme mondial a rebondi plus vite que prévu. En 2023, on a dépassé les niveaux de 2019. Et l’Afrique, grâce au Maroc notamment, s’est inscrite dans cette reprise accélérée. »
Autre partenaire-clé, Costa Croisières mise sur une offre plus ciblée et personnalisée. Luigi Stefanelli, Vice-président des ventes mondiales, a présenté un nouveau programme d’excursions, adapté aux profils variés des voyageurs : « Nos offres sont désormais mieux segmentées et plus simples à comprendre pour les clients, mais aussi à promouvoir pour nos agences partenaires. »
Un positionnement qui pourrait renforcer l’attractivité du Maroc dans les circuits croisières à moyen terme.
En accueillant cette convention majeure, l’ONMT confirme sa volonté de renforcer la présence marocaine sur les marchés européens stratégiques, dont l’Italie, longtemps sous-exploité. Avec l’horizon 2030 en ligne de mire, le Maroc entend jouer dans la cour des grands : infrastructures modernisées, offres touristiques repensées, connectivité renforcée. Et surtout, une volonté politique et institutionnelle clairement assumée.