Le marché obligataire marocain traverse une période d’accalmie, et selon Attijari Global Research (AGR), cette dynamique devrait se prolonger au cours des deux prochains mois. Dans sa dernière note hebdomadaire, couvrant la période du 28 mars au 3 avril, AGR met en lumière la stratégie maîtrisée du Trésor, qui semble déterminé à éviter toute pression haussière sur les taux.
En témoigne la deuxième séance d’adjudication du mois d’avril, au cours de laquelle le Trésor n’a procédé à aucune levée, malgré une demande de 1,4 milliard de dirhams. Une demande bien répartie sur les maturités à 13 semaines, 52 semaines et deux ans. Cette abstention, selon AGR, s’explique notamment par les effets attendus de la récente levée internationale de deux milliards d’euros et les entrées de la première tranche de l’impôt sur les sociétés. Avec une trésorerie renforcée, le Trésor peut se permettre de temporiser sans agiter le marché.
Conséquence directe, les taux de rendement primaires restent globalement stables par rapport à la semaine précédente. Sur le marché secondaire, les mouvements restent modérés, avec de légères hausses sur les courtes et moyennes maturités, et des baisses plus marquées sur le segment long terme, atteignant jusqu’à 16 points de base.
Le marché monétaire, de son côté, a enregistré une accélération des placements quotidiens moyens du Trésor, qui sont passés de 9,8 à 12,8 milliards de dirhams en une semaine. Cette progression reflète, là encore, l’effet combiné des recettes fiscales et de la sortie à l’international, qui offrent un matelas de sécurité budgétaire à l’État.
Bank Al-Maghrib, quant à elle, a réduit la voilure. Les avances à 7 jours ont reculé de 14,7 milliards de dirhams pour s’établir à 51,7 milliards, leur plus bas niveau depuis juin 2024. Les opérations à long terme, notamment à travers les pensions livrées et les prêts garantis, restent stables à 81,7 milliards depuis fin janvier.
Cette semaine, légèrement perturbée par les jours fériés de l’Aïd Al-Fitr, a aussi vu un léger décalage des taux interbancaires par rapport au taux directeur. L’indice MONIA, référence du marché monétaire à très court terme, a progressé de deux points de base pour atteindre 2,25 %.
À fin février, les indicateurs de liquidité confirment cette dynamique confortable : la circulation fiduciaire a augmenté de 7,8 % pour atteindre 425 milliards de dirhams, tandis que les placements liquides ont bondi de 12,5 %, franchissant le cap des 1.000 milliards.
Dans un contexte économique mondial encore incertain, le Maroc adopte une posture de prudence et de gestion proactive. Le Trésor choisit ses batailles et attend le bon moment pour intervenir, fort d’une position de liquidité rassurante. Une stratégie qui pourrait, pour un temps encore, maintenir la mer calme sur le front des taux.