À Benguérir, le campus de l’Université Mohammed VI Polytechnique a accueilli, les 8 et 9 mai, la deuxième édition du DeepTech Summit. L’événement a rassemblé chercheurs, industriels, investisseurs et étudiants autour des technologies émergentes, avec une attention particulière portée à leur pertinence africaine et à leur capacité d’impact global.
Plus de 5 500 participants venus de 53 pays ont pris part aux échanges, dont une majorité de délégations internationales. Le programme s’est articulé autour de 66 sessions thématiques réparties en onze grands domaines, allant de l’intelligence artificielle à la cybersécurité, en passant par les biotechnologies, les technologies climatiques ou encore l’agritech. Quelque 186 intervenants ont apporté leur éclairage sur les grandes mutations technologiques en cours.
Le fil rouge de cette édition, consacré à l’intelligence artificielle, a permis d’en explorer les dimensions scientifiques, industrielles, éthiques et géopolitiques. L’IA a été abordée autant comme levier de transformation dans des secteurs tels que la santé, l’énergie ou l’agriculture, que comme enjeu de souveraineté nécessitant de nouveaux cadres de gouvernance. L’Afrique y a été présentée comme un acteur capable d’influencer ces modèles émergents.
Parmi les temps forts, le lancement du DTS Prize a mis en lumière les initiatives technologiques ancrées dans les réalités du continent. Pour cette première édition, plus de 300 candidatures ont été reçues, dont un quart portées par des femmes fondatrices. Après sélection, onze startups finalistes ont été retenues, issues d’un large éventail de pays.
Le prix de la meilleure startup DeepTech dans les sciences du vivant a été attribué à Cure Bionics pour ses innovations en santé assistée, biotechnologie et génomique. Sand to Green, qui développe une solution de revalorisation des sols arides, a remporté la catégorie économie verte. La startup Nyungu Afrika a été distinguée pour son approche industrielle et écologique d’un enjeu de santé post-natale, avec un fort potentiel d’impact à l’échelle africaine.
Les lauréats bénéficient chacun d’une dotation de 50 000 dollars, d’un accès aux infrastructures de recherche de l’UM6P, et de connexions directes avec les réseaux d’investisseurs et les dispositifs d’expérimentation du campus. Une mention spéciale a également été décernée à Sawari Ventures pour son rôle dans le financement de l’écosystème DeepTech en Afrique.
Le sommet a aussi proposé plusieurs formats immersifs, à l’image de Pitch in the Dark ou DeepTech Factory, permettant à 29 jeunes entreprises africaines de présenter leurs projets à des investisseurs internationaux. Des initiatives issues de domaines variés, comme la santé, l’agritech, la data science ou les technologies vertes, ont illustré le dynamisme croissant de l’innovation sur le continent.
L’édition 2025 a aussi été marquée par la tenue du Deepfake Challenge, organisé en partenariat avec INWI. Ce concours, porté par le College of Computing de l’UM6P et l’accélérateur Stargate, a réuni chercheurs, ingénieurs, étudiants et startups autour de solutions d’intelligence artificielle contre la désinformation.
Côté institutionnel, plusieurs accords de collaboration ont été signés pendant l’événement. L’un d’eux, conclu avec H&S, prévoit l’installation d’une antenne sur le campus de Benguérir et le lancement de programmes conjoints dans les biotechnologies, la chimie verte, la santé ou encore l’intelligence artificielle. D’autres volets incluent le transfert technologique, la formation de talents, l’accompagnement de startups et le développement immobilier intégré.
Un autre partenariat, noué avec Attijariwafa bank, vise à rapprocher les startups de l’université des priorités stratégiques du groupe bancaire. Des espaces de co-développement seront mis à leur disposition pour tester des cas d’usage en lien avec les enjeux financiers contemporains. Le Lab Innovation de la banque s’impliquera également dans les jurys et les appels à projets de l’écosystème Startgate.
L’UM6P a enfin officialisé une collaboration avec Africorp Consortium, avec l’objectif de développer des projets conjoints dans l’industrie, l’agriculture, les mines et l’éducation. L’accord repose sur une articulation entre la stratégie continentale d’Africorp et les capacités de recherche de l’université.
Yassine Laghzioui, en charge de l’entrepreneuriat à l’UM6P, a salué cette édition comme un moment fort pour ancrer l’innovation dans une dynamique de terrain, en la connectant aux talents, aux marchés et à un capital patient. Le sommet conforte l’ambition de l’université de faire émerger des chaînes de valeur complètes, de la recherche fondamentale à l’industrialisation, en positionnant l’Afrique comme un acteur structurant de l’innovation technologique mondiale.