La dynamique enclenchée en 2024 se confirme avec vigueur. En 2025, les ventes de véhicules électriques au Maroc devraient bondir de 80 %, avant une nouvelle progression de 36 % l’année suivante, selon les prévisions de BMI-Fitch Solutions. Une tendance qui s’inscrit dans une trajectoire plus large : le marché marocain pourrait atteindre 57 000 unités vendues en 2034, avec une croissance annuelle moyenne estimée à 36 % sur la prochaine décennie.
Cette accélération repose sur plusieurs leviers structurels. D’abord, la montée en puissance de la production locale. Neo Motors a donné le ton en octobre 2025 en dévoilant le Dial-E, premier modèle 100 % électrique conçu, développé et assemblé au Maroc. La production de série doit démarrer en janvier. Renault, de son côté, a engagé une nouvelle phase d’investissement dans le Royaume avec la création d’une ligne de production dédiée, assortie d’un centre de R&D et de la modernisation de ses installations existantes.
L’écosystème industriel suit. À Jorf Lasfar, la coentreprise maroco-chinoise COBCO produit déjà des composants pour batteries lithium-ion. Le groupe Tinci a investi 2,6 milliards de dirhams dans une usine d’électrolytes. Gotion High Tech, déjà présent depuis 2023, a ajouté 1,3 milliard de dollars d’investissement pour deux nouvelles gigafactories. À ces projets s’ajoutent d’autres acteurs stratégiques de la chaîne batterie, comme BTR New Material Group ou Guangdong Haomei.
Sur le terrain commercial, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les ventes de véhicules 100 % électriques ont progressé de 143 % en 2024, les hybrides rechargeables de 224 %. Tesla, présent depuis juin 2025, développe un réseau de Superchargeurs, tout en préparant une unité d’assemblage locale à Kénitra. Les marques chinoises, déjà bien implantées, confortent leurs positions : BYD domine le marché du PHEV, tandis que Zeekr a lancé deux modèles cette année.
Le gouvernement soutient cette dynamique par une politique incitative musclée : exonération de TVA, primes à l’achat, réduction des droits de douane, avantages fiscaux. Résultat : le parc de véhicules électriques passagers devrait atteindre 18 000 unités en 2026, et grimper à près de 237 000 d’ici 2034, selon BMI.
Encore embryonnaire il y a peu, le réseau de recharge devra désormais suivre. Le Royaume comptait environ 1 000 points de charge à fin 2024. La production locale de bornes, attendue dès 2026, vise justement à réduire les tensions sur la chaîne d’approvisionnement.
Le Maroc s’affirme ainsi, étape par étape, comme l’un des futurs hubs de la mobilité électrique en Afrique et au-delà.
