22.1 C
Casablanca
mercredi 17 septembre 2025

Vers un futur centre naval maroco-français avec des sous-marins en projet ?

Et si la France décidait d’accompagner le Maroc dans un tournant stratégique majeur, en l’accompagnant dans l’édification d’une véritable capacité sous-marine et en installant à Casablanca une infrastructure navale de pointe ? Ce scénario, encore hypothétique pour l’heure mais loin d’être improbable, pourrait bouleverser l’équilibre en Méditerranée occidentale et renforcer la position de Rabat en tant qu’acteur incontournable de la sécurité régionale.

Le Royaume, qui dispose déjà d’une marine moderne avec ses frégates et ses patrouilleurs hauturiers, souffre encore d’une lacune importante. Ses 3 500 kilomètres de littoral et sa zone économique de plus de 278 000 km² restent dépourvus de surveillance sous-marine. Un partenariat avec Paris comblerait cette faiblesse structurelle et hisserait la marine marocaine au rang des puissances disposant, en plus, d’une dissuasion furtive.

La France, par l’intermédiaire de Naval Group, pourrait mettre en avant son expertise dans le domaine, notamment avec les sous-marins Scorpène. Ces bâtiments, déjà adoptés par le Brésil, l’Inde ou le Chili, sont réputés pour leur discrétion et leur polyvalence. Mais l’enjeu dépasserait la seule fourniture de matériel. Installer une chaîne de construction et de maintenance à Casablanca signifierait un transfert de technologie inédit, une montée en compétences pour les ingénieurs marocains et une indépendance accrue pour l’entretien de la flotte.

Une telle coopération répondrait aussi à des intérêts stratégiques français. Renforcer la présence navale marocaine constituerait un atout pour la sécurité de la Méditerranée occidentale, où la France reste directement impliquée. Le Royaume, allié historique de Paris, jouerait un rôle stabilisateur face aux tensions régionales, tout en consolidant la coopération militaire entre les deux pays.

Cette hypothèse s’inscrirait dans une logique plus large de transformation des forces armées marocaines. La récente acquisition de dix hélicoptères H225M Caracal, livrés par Airbus, illustre déjà ce rapprochement. Ces appareils modernes, capables de missions spéciales de longue portée, remplacent une flotte vieillissante et font du Maroc le premier opérateur africain de ce modèle. Ils préfigurent une volonté de modernisation accélérée et d’interopérabilité accrue avec les alliés européens.

Si le Maroc franchissait le pas des sous-marins, il ne s’agirait pas seulement d’un renforcement ponctuel, mais d’un changement doctrinal. L’armée marocaine se doterait d’un outil de dissuasion invisible, capable de surveiller, d’intervenir et de peser dans un contexte régional marqué par la rivalité avec l’Algérie qui dispose de 8 sous-marins russes postés à 180 kilomètres seulement des côtes marocaines. Un minimum de deux à trois unités permettrait une présence permanente, garantissant que le Royaume puisse tenir la mer en continu.

À plus long terme, la construction d’un chantier naval à Casablanca offrirait des perspectives industrielles et économiques majeures. Au-delà de la défense, une telle infrastructure pourrait servir au développement d’un écosystème maritime, avec des emplois qualifiés et une base technologique nationale. Pour Rabat, qui affiche un budget de défense de treize milliards d’euros en 2025, ce serait une étape logique vers son objectif d’autonomie stratégique.

Dans ce scénario, la France jouerait un rôle central, à la fois partenaire industriel, allié militaire et catalyseur d’une ambition régionale. Le Maroc, lui, se donnerait les moyens d’assurer sa sécurité maritime et de renforcer sa souveraineté dans une zone où les rapports de force évoluent rapidement.

spot_img
- Advertisement -

L'invité du Nouvelliste Maroc

spot_img
spot_img