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vendredi 7 novembre 2025

Vers une baisse de 53 % des émissions marocaines de carbone dès 2035

Le Maroc a officialisé sa nouvelle feuille de route climatique pour la période 2026-2035, en soumettant sa Contribution Déterminée au niveau National (CDN 3.0) au secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Ce document, transmis en amont de la COP30 prévue en novembre à Belém, en Amazonie, marque une nette montée en ambition par rapport à la précédente version.

Le Royaume vise désormais une réduction de 53 % de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2035. Cet objectif repose sur une baisse inconditionnelle de 21,6 %, financée sur ressources nationales, et sur une réduction conditionnelle de 31,4 %, dépendant d’un soutien international. Le Maroc conditionne également la sortie progressive du charbon à l’horizon 2040 à un appui extérieur suffisant, permettant notamment de stopper plus tôt les centrales existantes et d’honorer les engagements contractuels associés.

Cette stratégie s’articule autour d’un portefeuille de 197 projets. Sur le volet de l’atténuation, 90 projets sont programmés pour un montant total de 60 milliards de dollars, concentrés pour l’essentiel sur l’électricité, les transports et l’industrie. Le second pilier, dédié à l’adaptation, mobilise 107 projets pour 36 milliards, dont près des trois quarts sont consacrés à la gestion de l’eau.

La CDN couvre tous les gaz à effet de serre, tous les secteurs de l’économie et toutes les catégories d’émissions. Elle adopte une approche fondée sur le coût moyen d’abattement sectoriel pour mieux évaluer la rentabilité et l’efficacité des actions à mener. Elle prévoit également une mobilisation renforcée du secteur privé via la stratégie nationale de développement de la finance climat à l’horizon 2030 et une ouverture vers les mécanismes du marché carbone. Le financement climatique sera par ailleurs intégré à la planification budgétaire de la période 2026-2028.

Dans un contexte où le Maroc reste faiblement émetteur, cette ambition s’explique par sa forte vulnérabilité aux effets du changement climatique. D’ici 2050, les températures moyennes pourraient dépasser les 3 °C, voire grimper jusqu’à 5 °C dans certaines régions, tandis que les précipitations devraient diminuer de 5 à 20 %. Cette évolution accentue la pression sur l’eau, dont la disponibilité par habitant est passée de 2 560 à 620 m³ entre 1960 et 2025, frôlant le seuil de pénurie absolue fixé à 500 m³.

Le pays fait déjà face à des vagues de chaleur plus fréquentes, à des incendies en recrudescence, à une variabilité accrue des saisons pluvieuses et à un stress hydrique généralisé.

La politique climatique marocaine s’inscrit dans une approche intégrée du développement durable, impulsée par S.M. le Roi Mohammed VI. Elle s’appuie sur plusieurs instruments stratégiques, parmi lesquels la Stratégie Nationale de Développement Durable à l’horizon 2035, le Nouveau Modèle de Développement, la feuille de route nationale bas carbone 2050, le Plan Climat National, les stratégies sectorielles, les plans climatiques territoriaux et les programmes d’adaptation régionaux. L’objectif est clair : renforcer la résilience du territoire tout en accélérant la transition vers une économie à faible émission de carbone.

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