Accueil Maroc Avec 122 MMDH d’ici 2030, le BTP marocain change de vitesse

Avec 122 MMDH d’ici 2030, le BTP marocain change de vitesse

Avec 122 MMDH d'ici 2030, le BTP marocain change de vitesse

Longtemps resté en marge des grands récits économiques, le BTP marocain s’est hissé ces dix dernières années au rang de pilier stratégique. Une transformation profonde, portée par la puissance combinée des investissements publics et privés, qui redessine aujourd’hui les contours d’un secteur devenu central dans la dynamique nationale.

Dans cet écosystème désormais structuré, six grands groupes concentrent les principaux marchés. TGCC, SGTM, Jet Contractors, Somagec, Sogea Maroc et Bymaro sont les maîtres d’œuvre des chantiers majeurs en cours, qu’il s’agisse de routes, d’équipements collectifs, de bâtiments industriels ou de projets d’envergure. Trois d’entre eux affichent leur présence sur la place boursière de Casablanca, avec SGTM en tête par le volume d’activité, suivi de TGCC, puis de Jet Contractors. Ces entreprises se distinguent par leurs carnets de commandes et leurs performances financières, révélant des positionnements bien différenciés au sein d’un marché plus lisible.

Depuis une décennie, le secteur enchaîne les phases de croissance. Entre 2014 et 2019, sa valeur brute passe de 53,6 à 66,7 milliards de dirhams, avec un rythme annuel moyen de 4,5%. L’arrêt brutal en 2020, causé par la pandémie, ne freine la dynamique que temporairement. Dès l’année suivante, les projets reprennent, soutenus par une demande constante et la relance des grands chantiers.

L’exercice 2024 marque un tournant. Avec une valeur ajoutée frôlant les 90 milliards de dirhams, le secteur enregistre une hausse de 24% sur un an. Cette performance exceptionnelle s’explique par la convergence de plusieurs leviers : relance post-sismique dans le Haut Atlas, investissements massifs dans les infrastructures de transport et d’énergie, et redémarrage des programmes d’habitat. L’impact social suit la même courbe. Plus de 30 000 emplois ont été créés entre 2022 et 2024, preuve de la capacité du BTP à soutenir l’emploi et à répondre aux besoins du marché.

À court terme, la dynamique reste positive. L’année 2025 devrait confirmer cette trajectoire ascendante, avec une valeur ajoutée qui s’approche des 100 milliards de dirhams. Le contexte y est favorable : taux d’intérêt orientés à la baisse, politiques incitatives pour le logement, développement accéléré des programmes hydriques et énergétiques.

À l’horizon 2030, les projections annoncent un marché qui pourrait atteindre 122 milliards de dirhams, avec une croissance moyenne de 5,8% par an. Cette trajectoire repose sur trois moteurs bien identifiés.

Le premier reste l’investissement public. D’ici la fin de la décennie, près de 1 000 milliards de dirhams sont attendus pour des projets d’envergure nationale. L’eau représente le bloc le plus lourd, avec 285 milliards de dirhams mobilisés pour les barrages, les stations de traitement et les infrastructures de sécurisation hydrique. L’OCP injecte de son côté 260 milliards de dirhams dans ses capacités industrielles, ses chaînes logistiques et ses infrastructures énergétiques. L’énergie, elle, absorbe 167 milliards de dirhams à travers des projets solaires, éoliens, gaziers ou de transport électrique. Enfin, le transport bénéficie de 189 milliards de dirhams pour moderniser les réseaux routiers, ferroviaires, les aéroports et les infrastructures métropolitaines, avec en toile de fond la Coupe du monde 2030.

Le second moteur se trouve dans le tissu productif privé, en pleine mutation. Le ministère en charge de l’investissement fixe un cap ambitieux : 550 milliards de dirhams d’investissements privés et un demi-million d’emplois à créer d’ici 2026. Pour y parvenir, la nouvelle Charte de l’investissement introduit des mesures ciblées : soutien différencié selon les territoires, simplification des démarches et gouvernance recentrée autour des CRI. Le volume d’investissement privé oscille déjà entre 110 et 130 milliards de dirhams par an, appuyé par des décisions validées à hauteur de 377 milliards sur deux ans par la Commission nationale de l’investissement.

Le résidentiel constitue le troisième pilier. Avec une population attendue à plus de 39 millions d’habitants en 2030, dont une majorité urbaine, la pression sur le logement et les infrastructures de proximité reste forte. Des dispositifs comme « Daam Sakane » viennent renforcer cette dynamique, facilitant l’accès à la propriété et accompagnant l’urbanisation des villes. La croissance démographique, conjuguée à la modernisation urbaine, alimente une demande structurelle qui tire l’ensemble du secteur.

À mesure que ces trois moteurs s’activent, le BTP s’impose comme l’un des rares secteurs à offrir à la fois visibilité, stabilité et impact économique durable. Pour les investisseurs, c’est un terrain d’opportunités. Pour l’État, un levier de transformation. Pour le Royaume, un socle solide pour bâtir les prochaines décennies.

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