Sous des résultats en forte progression, le dernier rapport financier de CDG Capital laisse apparaître un pilotage méticuleux du risque, dans un environnement économique encore marqué par des incertitudes persistantes.
Le premier semestre 2025 a confirmé l’accélération de la dynamique commerciale et la solidité des fondamentaux du groupe. Le produit net bancaire a bondi à près de 497 millions de dirhams, contre 177 millions un an plus tôt, porté par la performance homogène des lignes métiers et l’effet de périmètre lié à l’intégration d’Ajarinvest. Le résultat net part du groupe s’inscrit lui aussi en forte hausse, à 175,2 millions de dirhams, contre 33,6 millions à la même période de 2024. Mais au-delà de ces chiffres, la lecture du rapport fait émerger un autre aspect central : la gestion du risque, devenue une composante organique de la trajectoire de développement.
L’approche adoptée par CDG Capital pour encadrer ses expositions financières repose sur un dispositif strict, aligné sur les exigences de la norme IFRS 9. La banque évalue l’ensemble de ses actifs à partir du modèle des pertes de crédit attendues, réparties en trois catégories selon la dégradation du profil de risque de la contrepartie. L’essentiel du portefeuille reste classé en “bucket 1”, c’est-à-dire sur des engagements jugés sains. Pour autant, les encours concernés par des provisions de dépréciation plus sévères ne sont ni ignorés ni minimisés : ils font l’objet d’une estimation individualisée, fondée sur la probabilité de défaut, la perte en cas de défaut et l’exposition à défaut actualisée.
Dans le calcul de ces pertes potentielles, le groupe applique une “Loss Given Default” forfaitaire de 45 %, conforme à l’approche standard de Bâle II. Ce choix, prudent par construction, permet d’ancrer les provisions dans une logique défensive, y compris lorsque les données historiques manquent sur certaines natures d’exposition. Le pilotage du risque est donc autant quantitatif que prudentiel.
Cette ligne conservatrice se confirme dans l’élaboration des scénarios économiques utilisés pour estimer la probabilité de défaut. CDG Capital accorde une probabilité de 70 % à une détérioration de la conjoncture macroéconomique marocaine. Ce scénario adverse, très majoritairement pondéré dans le modèle, traduit une lecture lucide du contexte national et international, et anticipe les effets d’un éventuel resserrement des conditions de financement ou d’un ralentissement de l’investissement.
La banque prend également en compte les risques liés aux instruments financiers complexes, notamment ceux classés en niveau 3 de la hiérarchie IFRS. Ces actifs, dont la valorisation repose sur des données non observables, font l’objet d’un encadrement méthodique. L’évaluation repose sur des modèles internes ajustés en continu, assortis de tests de dépréciation dès l’apparition d’un indice de perte de valeur. Ce traitement souligne la rigueur dans la gouvernance des risques de valorisation et de liquidité.
Malgré l’ampleur des opérations et l’évolution du périmètre consolidé, les indicateurs prudentiels affichent une trajectoire robuste. Le ratio de solvabilité atteint 24 %, et le ratio CET1 s’élève à 12,6 %. Le niveau des fonds propres prudentiels s’est renforcé de 53 % en un an pour atteindre 2,6 milliards de dirhams. Ces chiffres attestent d’une capacité de résilience renforcée, permettant à la banque de maintenir ses ambitions sans exposer sa structure à des déséquilibres.
CDG Capital poursuit donc sa transformation dans un cadre maîtrisé. La croissance observée n’a pas été recherchée au prix d’un relâchement du contrôle des risques. Bien au contraire, le pilotage prudent et la lucidité face aux tensions potentielles sont devenus des leviers d’efficience à part entière. Dans un secteur financier où la solidité se mesure désormais autant à la robustesse des fondamentaux qu’à la capacité d’anticipation, cette stratégie confère à l’établissement une position de stabilité dans un environnement encore sous tension.