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mardi 14 octobre 2025

Croissance de 5,5% au Maroc au T2 2025

L’économie nationale a connu un regain marqué au deuxième trimestre 2025, avec une croissance de 5,5%, son niveau le plus élevé depuis la sortie de crise sanitaire en 2021. Selon la dernière note de conjoncture du Haut-Commissariat au Plan, cette dynamique s’est appuyée sur la vigueur retrouvée des exportations et sur une demande intérieure nettement renforcée.

L’activité s’est redressée de manière large, portée par l’industrie manufacturière et extractive, la construction et les services d’hébergement. À elles seules, ces branches ont concentré près de 40% de la croissance trimestrielle. Les ventes à l’étranger ont progressé de 8,5%, bien au-delà des anticipations, tandis que la consommation et l’investissement ont retrouvé des niveaux soutenus. La demande intérieure a grimpé de 9,2%, confirmant un climat de confiance plus favorable.

Dans le même temps, l’investissement, engagé sur une trajectoire ascendante depuis mi-2023, a continué de se renforcer. Le contexte monétaire et financier a contribué à cette relance, avec une baisse des taux d’intérêt et des prix à l’import sur les équipements industriels.

En contrepartie, les importations ont bondi de 15,7%, sans creuser démesurément le déficit extérieur. L’évolution divergente des prix entre exportations et importations, combinée à une appréciation du dirham, a permis de contenir les déséquilibres.

Le marché du travail a, lui, suivi une dynamique plus modérée. L’emploi rémunéré a progressé de 1,4% sur un an, contre 3,4% au trimestre précédent. Les entreprises, notamment dans les services et l’industrie, ont préféré ajuster leur productivité plutôt que recruter, en raison d’une hausse des coûts salariaux liée à la revalorisation du SMIG.

Cette expansion s’est toutefois accompagnée d’un besoin de financement accru, tant du côté des entreprises que des administrations publiques. La progression des recettes fiscales n’a pas suffi à absorber la forte hausse des dépenses, en particulier celles liées aux salaires, qui ont grimpé de 10,8%. Le déficit global de financement a ainsi atteint 3,2% du PIB trimestriel, contre 2% trois mois plus tôt.

Au troisième trimestre, l’élan s’est légèrement ralenti. La croissance aurait atteint 4,3% en glissement annuel. Le soutien de la demande intérieure est resté solide, apportant 8 points de croissance. En revanche, le commerce extérieur a continué de peser, avec une contribution négative estimée à -3,7 points.

L’investissement a poursuivi sur sa lancée, porté par les infrastructures et le bâtiment, avec une hausse de 14,2%. La consommation des ménages a également progressé, à hauteur de 4,1%, profitant des revalorisations salariales prévues dans le budget et d’une baisse sensible de l’inflation.

Les prix à la consommation ont en effet connu une hausse contenue de 0,4% en rythme annuel, grâce à une stabilité des prix alimentaires hors produits frais, au recul des prix de l’énergie et à l’apaisement des tensions sur les marchés internationaux de matières premières.

Le ralentissement de l’économie mondiale a néanmoins laissé des traces. La croissance du secteur secondaire s’est contractée, passant de 7,4% à 4,4%, tandis que les services ont connu une hausse plus mesurée. Les exportations, après leur envolée du trimestre précédent, ont marqué le pas. Les importations, bien que moins dynamiques, ont continué de progresser plus vite que les ventes à l’étranger, accentuant le déséquilibre commercial.

Les perspectives pour la fin de l’année s’annoncent légèrement meilleures. Au quatrième trimestre, l’économie devrait accélérer pour atteindre une croissance de 4,7%. L’amélioration attendue de la conjoncture en Europe, grâce à l’assouplissement progressif des politiques monétaires, devrait favoriser la reprise de la demande étrangère.

La dynamique intérieure resterait soutenue. La consommation des ménages devrait bénéficier de hausses supplémentaires des salaires, publics et privés, et d’un allègement de l’impôt sur le revenu. L’investissement continuerait de croître à un rythme de 12,6%, appuyé par l’effort des entreprises et la commande publique.

Parmi les moteurs sectoriels, les services poursuivraient leur progression, avec des hausses notables dans le commerce, les services sociaux et ceux orientés vers les ménages. L’industrie montrerait également des signes de reprise, notamment dans les filières automobiles, électriques et extractives. La construction devrait quant à elle connaître une nette accélération, contribuant davantage à la croissance globale.

Le HCP souligne cependant que ses prévisions restent exposées à plusieurs incertitudes. Le comportement des entreprises exportatrices pourrait évoluer si la reprise de la demande dans les grands marchés économiques tarde à se confirmer. À l’inverse, l’entrée en vigueur du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’Union européenne dès février 2026 pourrait stimuler les exportations manufacturières, notamment dans les secteurs chimique, électrique et des équipements. Une dynamique qui pourrait doper le commerce extérieur en fin d’année, sans pour autant freiner les importations.

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