En Australie, Deloitte se retrouve au cœur d’une polémique après avoir livré au gouvernement un rapport truffé d’erreurs générées par une intelligence artificielle. Le cabinet de conseil, qui avait facturé l’étude à hauteur de 440 000 dollars australiens — soit environ 251 000 euros — s’est engagé à rembourser une partie de ce montant, sans en dévoiler l’ampleur exacte.
Le contrat avait été signé avec le ministère de l’Emploi et des Relations professionnelles, dans le cadre d’une évaluation du système automatisé de sanctions lié aux aides sociales. Mais peu après sa publication, plusieurs chercheurs ont mis au jour des anomalies flagrantes. À Sydney, l’universitaire Chris Rudge a identifié une vingtaine de références inventées, des citations inexistantes et même une décision de justice totalement fictive.
L’origine de ces erreurs ne fait guère de doute. Le rapport avait été en partie rédigé à l’aide d’un modèle d’intelligence artificielle générative, en l’occurrence GPT-4o via la plateforme Azure d’OpenAI, sans vérification humaine rigoureuse.
Deloitte a depuis diffusé une version corrigée du document, en supprimant de nombreuses notes de bas de page erronées. Le cabinet affirme que les recommandations principales n’en sont pas altérées. Une ligne de défense jugée peu convaincante, alors que le contenu initial reposait sur des sources fabriquées.
Le ministère australien a confirmé que les fautes provenaient de l’usage de l’IA, évoquant des rectifications sur plusieurs pages. La sénatrice écologiste Barbara Pocock, elle, réclame le remboursement complet du contrat et dénonce un recours « abusif » à l’intelligence artificielle.
La controverse est d’autant plus embarrassante que Deloitte se présente comme un acteur de référence dans le domaine de l’IA, conseillant de nombreuses entreprises sur l’automatisation et les technologies génératives.
L’affaire relance les interrogations autour de l’utilisation de ces outils dans les missions sensibles, et du manque de contrôle humain dans des productions qui peuvent pourtant peser lourd dans les décisions publiques.