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samedi 12 juillet 2025

Entre relogement et chantiers, Al Haouz se reconstruit

Le chantier de reconstruction lancé dans la province d’Al Haouz après le séisme du 8 septembre 2023 progresse malgré les obstacles que pose ce territoire accidenté. Dans cette région montagneuse, chaque avancée se heurte à des défis liés au relief, aux risques de glissements de terrain ou à la proximité de ravins et de cours d’eau.

Le village de Salamat, perché dans la commune d’Anougal, illustre la complexité de l’entreprise. Quatorze maisons y ont été déplacées en raison des dangers que représentent les ravins. Pour Ali, maçon de 42 ans et père de famille, cette décision a été difficile à accepter, mais jugée indispensable.

La transformation du village a été rendue possible par une collaboration étroite entre les habitants et les autorités locales. Ce travail de terrain, long et contraint par les lenteurs de la mobilisation foncière, a permis de relancer un chantier en retard.

Hassan Ighighi, coordinateur du programme de reconstruction, confirme que Salamat figure parmi les secteurs classés à haut risque. Vingt-huit familles ont été relogées sur un site sécurisé, aménagé selon une approche architecturale intégrée. À ce jour, les travaux sont terminés à 80 % et leur achèvement est prévu d’ici fin juillet.

Le programme englobe d’autres douars soumis à des risques similaires. Quatorze d’entre eux ont été identifiés comme zones à forte instabilité géologique. Dans ces secteurs, les constructions sont désormais interdites ou strictement encadrées. Au total, plus de 724 familles ont été déplacées vers des lieux plus sûrs, loin des terrains sujets aux éboulements, aux effondrements rocheux ou à l’érosion.

À Aït Ouzkri, non loin de Salamat, vingt et une habitations ont été évacuées face à une érosion avancée. La décision, bien que radicale, a été perçue comme un compromis nécessaire pour préserver non seulement la sécurité mais aussi les attaches profondes que les habitants entretiennent avec leur terre.

Dans la commune d’Asni, le douar Tansghart a, lui, été entièrement relocalisé. Les analyses géotechniques ont révélé une instabilité telle qu’aucune reconstruction n’y était envisageable. Aujourd’hui, les habitants ont pris possession de leur nouveau village. Parmi eux, Haj Ibrahim, septuagénaire non-voyant, exprime une reconnaissance sincère pour ce qu’il décrit comme un nouveau départ.

À Amghras, Mohamed, ouvrier saisonnier, pensait quitter définitivement sa région après avoir tout perdu. L’aide apportée lui a permis de rester. Trente-cinq maisons y ont été déplacées dans un périmètre sécurisé, à l’abri des risques de glissements.

Conformément aux directives royales, les familles touchées bénéficient d’un soutien continu, sous forme d’aides financières mensuelles de 2 500 dirhams pour le loyer ou l’hébergement provisoire, complétées par des subventions à la reconstruction allant jusqu’à 140 000 dirhams.

Sur le terrain, les travaux sont encadrés par des ingénieurs qui veillent au respect des normes antisismiques. Charkaoui Minaoui, chargé du suivi technique, détaille une méthode exigeante, depuis la conception jusqu’à la remise des certificats d’habitation. Les sites de relogement sont choisis selon des critères rigoureux, intégrant l’accessibilité aux infrastructures essentielles.

La préfecture d’Al Haouz fait état d’un taux de réalisation de 84 %, avec plus de 21 954 logements reconstruits selon des standards élevés. Les dernières tentes ont été démantelées et remplacées par des habitations solides. Dans les prochains mois, l’avancement des travaux devrait dépasser les 90 %, grâce à des solutions spécifiques pour les familles vivant dans des zones encore inaccessibles.

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