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Festival de Fès : À Jnan Sbil, Zenaida signe une polyphonie de grâce

Festival de Fès : le Malhoun illumine la nuit soufie de Jnan Sbil

Mercredi soir, dans l’écrin paisible de Jnan Sbil à Fès, les voix de l’ensemble suisse Zenaida ont résonné avec une précision saisissante. À l’occasion de la 28e édition du Festival des Musiques Sacrées du Monde, huit chanteurs venus de Bâle ont redonné souffle aux polyphonies franco-flamandes de la Renaissance.

Le programme, centré sur les figures de Josquin Desprez, Pierre de la Rue et Jean Mouton, a déroulé une sélection d’œuvres religieuses du XVe et du XVIe siècle. Credo, motets, messes et même une chanson néerlandaise ont jalonné un concert à la fois austère et pénétrant. Loin d’un simple hommage érudit, leur interprétation s’est imposée comme une immersion dans les sonorités et les pratiques de l’époque.

Tous issus du cursus AVES de la Schola Cantorum Basiliensis, les membres de Zenaida partagent un goût rigoureux pour l’interprétation historique. Une unique partition en fac-similé, placée au centre, guide leur chant collectif. Pas de chef, pas de file conducteur visible. La cohésion repose sur la mémoire, l’écoute, la respiration partagée. Chaque voix trouve sa place dans un équilibre vocal millimétré.

En formation resserrée autour du pupitre, les chanteurs ont offert au public une exécution a cappella sans concession, dense et vivante. Raphaël Joanne, l’un des ténors, évoque une volonté de se rapprocher des conditions originales d’exécution : “Nous lisons sur le même Livre, chaque voix y est écrite. Cela demande une connaissance parfaite de sa ligne et une attention constante à l’ensemble”.

L’ensemble, fondé récemment, affiche déjà des ambitions affirmées. Après des projets sur les lamentations bibliques ou sur la musique de cour à Florence, Zenaida explore avec exigence un répertoire ancien qui ne cesse de révéler sa modernité.

À Fès, ce soir-là, aucune amplification, aucun artifice. Juste la matière vocale brute, d’une netteté rare. Dans le silence du jardin, leurs voix ont sculpté un paysage sonore d’une finesse presque fragile. Et rappelé, par l’exigence de l’interprétation autant que par la force du répertoire, que la musique sacrée n’est pas qu’affaire de foi. C’est aussi, parfois, un exercice de rigueur et de dépouillement où tout tient à un souffle.

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