L’économie productive marocaine affiche des signes de redressement au troisième trimestre 2025, mais l’élan demeure inégal. Derrière les chiffres globaux de reprise annoncés aujourd’hui par le Haut Commissariat au Plan (HCP), des écarts notables se dessinent entre branches industrielles et segments du secteur de la construction.
Dans l’industrie manufacturière, la progression est tirée par la chimie, l’agroalimentaire et les matériaux de construction non métalliques. Ces branches parviennent à maintenir des niveaux de production en hausse, soutenues par une demande solide et des carnets de commandes jugés stables. L’emploi reste globalement inchangé, avec un taux d’utilisation des capacités de production fixé à 75 %. Pourtant, un tiers des industriels évoque des difficultés d’approvisionnement, liées en majorité aux importations. La situation de trésorerie reste tendue, notamment dans le textile, où près de la moitié des entreprises interrogées évoquent des contraintes financières.
À l’opposé, l’automobile et les équipements électriques marquent le pas. La baisse d’activité dans ces branches contraste nettement avec le reste du secteur, signalant une fragilité persistante. Le déséquilibre se retrouve aussi dans les perspectives : si l’automobile espère rebondir au trimestre suivant, les équipements électriques et l’industrie du papier prévoient un nouveau recul.
Les contrastes se prolongent dans les secteurs extractif et énergétique. La hausse de production dans les phosphates dynamise l’extraction, malgré une baisse de l’emploi. L’énergie, quant à elle, progresse au troisième trimestre, mais les anticipations sont à la baisse pour la fin d’année. Les distributeurs d’électricité et de gaz s’attendent à un repli de leur activité, accompagné d’une réduction des effectifs.
L’environnement reste à l’écart de ces mouvements. L’activité dans le captage et la distribution d’eau se maintient, sans variation notable, tout comme l’emploi.
Dans la construction, les disparités sont tout aussi marquées. Les travaux de génie civil et les chantiers spécialisés soutiennent la croissance du secteur. Les carnets de commandes se maintiennent, et les embauches progressent. Le bâtiment, en revanche, reste sur une trajectoire stable, sans réelle dynamique. En dépit de cette reprise partielle, une entreprise sur cinq signale encore des tensions sur les matières premières, et les problèmes de trésorerie persistent pour plus de 20 % des dirigeants.
Les prévisions pour le dernier trimestre confirment ces tendances contrastées. L’industrie espère poursuivre sur sa lancée dans plusieurs branches clés, mais reste freinée par des zones d’ombre. Le BTP, lui, s’appuie sur des chantiers d’infrastructure et des travaux spécialisés pour maintenir son rythme. L’hétérogénéité des trajectoires montre une économie qui se redresse, mais dont les fragilités structurelles restent bien présentes.
