Le tunnel sous-marin entre le Maroc et l’Espagne revient au cœur des discussions. Selon le média espagnol Vozpópuli, une étude de faisabilité commandée par Madrid confirme la viabilité technique du projet. Menée par l’entreprise allemande Herrenknecht, spécialisée dans la fabrication de tunneliers, cette expertise a été réalisée pour le compte de la Secegsa, organisme public rattaché au ministère espagnol des Transports.
Le rapport, remis en juin dernier, conclut que les technologies nécessaires pour relier les deux rives du détroit de Gibraltar sont aujourd’hui disponibles. Malgré les défis posés par la géographie sous-marine, notamment dans la zone étroite et profonde du seuil de Camarinal, l’ouvrage peut être construit avec les moyens techniques actuels.
Les autorités espagnoles envisagent désormais une nouvelle étape. Des discussions internes ont été entamées pour structurer les prochains appels d’offres, prévus après juin 2026. L’objectif est de décider, d’ici 2027, du lancement d’un premier tunnel exploratoire. Cette décision devra être prise en concertation avec la partie marocaine, à travers la Société nationale d’études du détroit (SNED), partenaire de la Secegsa dans ce projet.
Les deux entités ont récemment effectué une mission en Norvège afin d’étudier le Rogfast, tunnel sous-marin en cours de construction, considéré comme le plus long et le plus profond du monde. En parallèle, des recherches sur la sismicité de la région et la nature du fond marin sont conduites avec l’appui du Service géologique des États-Unis.
Selon l’étude, la construction de ce lien fixe entre l’Europe et l’Afrique nécessiterait une dizaine d’années. Le coût global est estimé à plus de 8,5 milliards d’euros, avec une première phase de reconnaissance qui pourrait s’étaler sur six à neuf ans.
Madrid espère pouvoir mobiliser des financements européens, notamment via les fonds Next Generation. La mise en service complète ne serait pas envisageable avant 2035 ou 2040. Ce tunnel vise à accueillir un trafic ferroviaire mixte, avec pour ambition de dynamiser les échanges entre les deux continents, tant pour les passagers que pour les marchandises et l’énergie.
Le ministère espagnol des Transports a par ailleurs confié à la société publique Ineco le soin d’élaborer un modèle économique viable et d’étudier des options de partenariat public-privé, à l’image de celui mis en place pour l’Eurotunnel.
