Accueil Business Les banques marocaines se sont davantage capitalisées en 2025 (Fitch)

Les banques marocaines se sont davantage capitalisées en 2025 (Fitch)

Les banques marocaines se sont davantage capitalisées en 2025 (Fitch)

Le secteur bancaire marocain continue de gagner en solidité, soutenu par un cadre réglementaire de plus en plus aligné sur les standards internationaux. C’est ce que met en lumière la dernière analyse de Fitch Ratings, tout en soulignant que ces avancées ne suffisent pas, pour l’instant, à justifier une amélioration de la notation intrinsèque des établissements.

Bank Al-Maghrib poursuit la mise en place progressive du processus SREP, qui doit être pleinement opérationnel d’ici 2027. Ce dispositif, centré sur l’évaluation et le contrôle prudentiel, renforce la gestion des risques et la capitalisation du système bancaire. Il prévoit notamment l’introduction de coussins de fonds propres supplémentaires pour les trois banques systémiques du pays – Attijariwafa bank, Bank of Africa et le Groupe Banque Centrale Populaire – qui doivent désormais maintenir un ratio CET1 d’au moins 11%, contre 9% auparavant. Cette exigence renforce leur résilience et rapproche le système marocain des exigences de Bâle III.

Les indicateurs financiers des principales banques cotées sont également bien orientés. Selon une note récente d’Attijari Global Research, leurs bénéfices nets devraient atteindre 20,7 milliards de dirhams en 2025 et grimper à 24,59 milliards à l’horizon 2027. Une perspective qui soutient la dynamique haussière du secteur en Bourse.

Du côté des fondamentaux, les signaux sont plutôt positifs. Le résultat net consolidé des sept principales banques du pays a progressé de 20% sur un an au premier semestre 2025. Cette performance tient à la hausse des revenus de marché et à la baisse des provisions. Le ratio CET1 moyen s’est établi à 10,9% fin juin, contre 10,8% un an plus tôt, soit une marge de 290 points de base au-dessus du seuil requis. Le ratio Tier 1, quant à lui, atteint 11,9%, conforme aux nouvelles normes pour les banques d’importance systémique.

Fitch nuance toutefois ce tableau. Certaines institutions présentent encore des marges de fonds propres jugées faibles. Pour espérer un relèvement de leur Viability Rating, des progrès sont attendus sur d’autres fronts, notamment la qualité des actifs et les conditions d’exploitation.

Les établissements disposent cependant de leviers pour consolider leurs fonds propres. Ils recourent régulièrement à des augmentations de capital, appliquent des politiques prudentes en matière de dividendes et émettent des dettes subordonnées de type Tier 1 et Tier 2 sur le marché local. Des pratiques qui renforcent leur solidité financière globale.

L’introduction du SREP impose également aux banques une autoévaluation approfondie, les poussant à corriger d’éventuelles faiblesses en matière de gouvernance, de liquidité ou de modèle économique. Selon Fitch, ces exigences renforceront la discipline interne et amélioreront la gestion du capital.

Le Maroc figure parmi les pays africains les plus avancés dans l’adoption des normes de Bâle III. Les établissements communiquent déjà sur leurs ratios de liquidité à court terme, de financement stable net et d’effet de levier.

Bank Al-Maghrib adopte désormais une supervision plus active, combinant inspections sur site et pondérations de risque renforcées sur les actifs non performants. Ces derniers sont désormais soumis à des pondérations de plus en plus élevées au fil du temps, jusqu’à 250% après quatre ans, afin d’inciter les banques à les traiter plus rapidement.

La conjoncture économique joue aussi en faveur du secteur. Fitch table sur une croissance de 4,4% en 2025 et de 3,9% l’année suivante. La reprise agricole, le dynamisme du tourisme et de l’industrie manufacturière, ainsi qu’une demande intérieure soutenue, nourrissent ces perspectives. L’inflation, redescendue à 1,7% début 2025, ouvre la voie à un assouplissement monétaire, tandis que la politique budgétaire reste orientée vers le soutien de l’investissement public.

Dans ce contexte, les banques marocaines apparaissent mieux armées pour accompagner la reprise. Si la capitalisation a longtemps constitué une faiblesse, sa progression constante et les réformes en cours pourraient stabiliser durablement la structure financière du secteur. Le développement d’un marché secondaire dédié aux créances douteuses offrirait un levier supplémentaire pour renforcer cette trajectoire.

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