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Maroc-ASEAN : quand Rabat capte l’intérêt d’un marché asiatique à 4 000 Mds $ !

Maroc-ASEAN : quand Rabat capte l’intérêt d’un marché asiatique à 4 000 Mds $ !

Le Maroc et l’ASEAN ne cessent d’approfondir leur partenariat. Après presque une décennie de relations diplomatiques suivies, les deux parties ont validé à Rabat une feuille de route s’étendant jusqu’en 2028. Cette coopération élargie vise à renforcer les échanges économiques, mais aussi à ouvrir de nouveaux champs dans les secteurs stratégiques comme l’énergie, l’agriculture, les villes intelligentes ou la mobilité électrique.

En 2016, le Maroc avait adhéré au traité d’amitié et de coopération de l’organisation. Depuis septembre 2023, il dispose d’un statut de partenaire sectoriel, soutenu par un comité de dialogue mis en place entre les deux régions. Ce dispositif a permis de structurer un premier cadre d’échanges. Le déplacement, fin juin à Rabat, du secrétaire général de l’ASEAN, Kao Kim Hourn, a marqué une nouvelle étape. À l’issue d’un entretien avec le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, les deux parties avaient alors convenu de consolider leur relation à travers des projets concrets.

Mais avant de poursuivre, faisons un petit rappel. L’ASEAN regroupe dix pays d’Asie du Sud-Est, parmi lesquels l’Indonésie, la Thaïlande, le Vietnam, la Malaisie ou encore les Philippines. Ensemble, ces économies pèsent plus de 4 000 milliards de dollars et constituent l’un des blocs commerciaux les plus dynamiques au monde. L’organisation, fondée en 1967, joue un rôle central dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, notamment dans l’industrie, l’électronique, l’agroalimentaire et les nouvelles technologies. Pour le Maroc, renforcer ses liens avec ce pôle régional, c’est non seulement s’ouvrir à des marchés en forte croissance, mais aussi diversifier ses sources d’investissements et de transferts de savoir-faire.

Cette stratégie s’inscrit dans une volonté affirmée de consolider le label “Made in Morocco”. En s’adossant à des partenaires industriels solides, Rabat espère accélérer la montée en gamme de ses exportations, favoriser l’émergence de nouveaux secteurs et stimuler l’emploi local. Dans un contexte mondial instable, miser sur la production nationale devient aussi un levier de souveraineté économique.

Les flux commerciaux entre le Maroc et les pays de l’ASEAN ont déjà atteint 1,55 milliard de dollars en 2024. Mais les marges de progression restent importantes. La région sud-est asiatique cherche à renforcer ses relais économiques au-delà de l’Asie, en particulier vers l’Afrique et l’Europe. Le Maroc, fort de sa position géographique et de ses accords commerciaux, apparaît comme un partenaire clé dans cette stratégie.

Cette reconfiguration s’inscrit dans un contexte mondial tendu. La politique tarifaire américaine, notamment depuis le mandat de Donald Trump, a poussé l’ASEAN à diversifier ses partenariats pour réduire sa dépendance aux grandes puissances. Sans avoir favorisé directement le rapprochement avec Rabat, ces tensions ont contribué à créer un terrain propice à une intensification des liens avec des acteurs régionaux stables et ouverts.

Le plan d’action 2024–2028 prévoit de multiplier les initiatives dans les domaines des technologies, des énergies renouvelables, de l’innovation industrielle ou encore du tourisme. Des synergies sont également attendues entre les chambres de commerce pour stimuler les investissements croisés.

Avec ce partenariat, Rabat espère consolider son rôle de hub économique entre les continents. Pour l’ASEAN, l’alliance permet de s’ancrer plus solidement sur le pourtour méditerranéen et africain. Une convergence d’intérêts qui ouvre la voie à une coopération stratégique de long terme.

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