Le Maroc et l’Éthiopie s’acheminent vers un rapprochement stratégique dans le domaine de la défense. Réuni jeudi à Rabat sous la présidence du Chef du gouvernement Aziz Akhannouch, le Conseil de gouvernement a examiné le projet de loi n° 045.25 portant approbation d’un accord militaire conclu entre les deux pays le 17 juin dernier dans la capitale marocaine.
Ce texte, présenté par le ministre délégué chargé de l’Administration de la Défense nationale, au nom du ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, vient formaliser un cadre de coopération qui s’annonce dense et structuré. Il s’agit là d’un nouveau jalon dans le renforcement des relations entre Rabat et Addis-Abeba, fondées depuis plusieurs années sur un dialogue politique régulier et une volonté commune d’intensifier les partenariats bilatéraux, notamment sur le plan sécuritaire.
Dans sa portée concrète, l’accord prévoit la mise en place de mécanismes de collaboration couvrant plusieurs volets essentiels : échange d’expertises techniques, formations croisées entre les académies militaires des deux pays, appui logistique, organisation d’exercices conjoints, et partage de bonnes pratiques dans les domaines de la planification opérationnelle, de la gestion des crises et de la lutte contre les menaces transfrontalières.
La dimension stratégique de ce partenariat dépasse le strict cadre bilatéral. À l’échelle continentale, il s’inscrit dans une logique de coordination sécuritaire Sud-Sud, dans un contexte régional marqué par des instabilités persistantes. Pour Rabat comme pour Addis-Abeba, cette coopération vise à renforcer l’autonomie des États africains en matière de défense, en consolidant des capacités locales capables de répondre aux défis posés par le terrorisme, la criminalité organisée et les crises humanitaires.
Ce rapprochement s’inscrit également dans la continuité d’une diplomatie marocaine qui, depuis plusieurs années, fait du renforcement des partenariats africains un axe prioritaire de son action internationale. Le Maroc multiplie les accords de coopération militaire avec plusieurs pays du continent, en veillant à combiner expertise technique, solidarité stratégique et respect mutuel des souverainetés.
Du côté éthiopien, cet accord constitue aussi une ouverture vers un partenaire disposant d’une expérience reconnue dans la structuration de ses forces armées et dans la conduite d’opérations de paix, ce qui peut s’avérer précieux à l’heure où l’Éthiopie cherche à moderniser ses outils de défense tout en consolidant sa place au sein des grands équilibres africains.
Ce projet de loi, une fois adopté, viendra ainsi consolider un partenariat militaire appelé à évoluer vers une coopération plus intégrée. Il traduit une convergence d’intérêts sécuritaires mais aussi une lecture partagée des enjeux régionaux, où la stabilité, le développement et l’indépendance stratégique sont au cœur des priorités communes.
