Rabat, capitale du livre et des diasporas. Pour sa 30ᵉ édition clôturée ce dimanche, le Salon international de l’édition et du Livre (SIEL) a placé les Marocains du monde sous les projecteurs. Une thématique forte, portée par le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), qui a transformé le salon en véritable carrefour de la mémoire, de l’engagement et de la création.
Dès l’ouverture, le ton fut donné : rendre hommage à celles et ceux qui, depuis l’étranger, portent haut les couleurs de la culture marocaine. Plus de 170 invités, originaires de seize pays de résidence, ont ainsi pris part à une programmation éclectique. Parmi les moments les plus forts, les hommages à des figures emblématiques comme Abdellah Bounfour, Lalla Khitti Benhachem, Ahmed Ghazali ou encore Edmond Amran El Maleh. Sans oublier Driss Chraïbi, l’un des géants de la littérature marocaine, dont le centenaire sera célébré en 2026 et à qui une attention particulière a été accordée cette année.
Mais le SIEL ne s’est pas contenté d’honorer les mémoires : il a aussi mis en avant la vitalité des voix contemporaines. Une exposition photo signée par quatorze artistes issus de la diaspora, une sélection de dix films consacrés à l’immigration marocaine, une soirée de poésie plurilingue, des discussions littéraires, des débats, des conférences… Au fil des jours, le salon s’est mué en un vaste espace de dialogue entre générations, langues et continents.
L’événement a aussi eu sa part de réflexion académique et militante. Écritures féminines migrantes, recherche sur les mobilités, usages politiques de la migration : autant de sujets débattus lors de rencontres pointues, qui ont confirmé le rôle du SIEL comme forum d’idées. La grande librairie de l’immigration a quant à elle proposé plus de 600 ouvrages, incarnant la diversité et la richesse des productions diasporiques. Vingt titres inédits ont par ailleurs été publiés grâce à un partenariat entre le CCME et plusieurs éditeurs marocains.
Autre fait marquant : le lancement par le ministère de la Culture d’un ambitieux programme de traduction des œuvres littéraires des Marocains du monde vers l’arabe. Une initiative qui vise à reconnecter les textes de la diaspora avec les lecteurs du pays d’origine, et à élargir leur portée dans l’espace éditorial arabe.
Par sa présence active, le CCME a tenu à réaffirmer une conviction forte : la culture est un lien, un pont, un moteur d’intégration. En célébrant la créativité de l’exil, en rendant visibles ces écritures hybrides, le salon a contribué à redessiner les contours d’un Maroc culturellement mondialisé, sans jamais perdre de vue ses racines.