Accueil Afrique Touimi : “L’Afrique ne manque pas d’idées, elle manque de projets finançables”

Touimi : “L’Afrique ne manque pas d’idées, elle manque de projets finançables”

Brahim benjelloun-Touimi, président de la Bourse de Casablanca

En marge de l’African Investment Forum 2025, qui se tient à Rabat jusqu’au 28 novembre, Brahim Benjelloun Touimi, président de la Bourse de Casablanca, est intervenu lors des fireside chats pour partager une lecture stratégique des enjeux de financement des projets africains. Une prise de parole axée sur la préparation des projets, la gestion du risque et le rôle structurant des banques marocaines sur le continent, dans une logique de partenariat équilibré.

Dans une intervention construite autour des réalités du terrain, Brahim Benjelloun Touimi a rappelé que les banques marocaines figurent aujourd’hui parmi les investisseurs actifs en Afrique, principalement en fonds propres, dans des secteurs jugés stratégiques pour le développement : sécurité alimentaire, industrie, santé, pharmacie, infrastructures critiques et énergie, avec une attention constante portée aux enjeux de durabilité. Leurs interventions couvrent à la fois des projets publics et privés, dans une logique d’accompagnement de long terme.

Le véritable défi : faire émerger davantage de projets finançables

Rebondissant sur les échanges du panel, le président de la Bourse de Casablanca a mis en lumière un constat largement partagé par les investisseurs : le nombre de projets réellement prêts à être financés demeure encore limité, malgré l’abondance d’initiatives sur le continent.

Fort de son parcours en tant qu’administrateur au sein de BANK OF AFRICA qui jouit d’un ancrage constant au sein du terrain africain, Touimi a souligné que si de nombreux projets étaient pertinents dans leur ambition, ils n’atteignaient que rarement le niveau de structuration exigé par la communauté financière.

« L’enjeu n’est pas seulement de mobiliser des capitaux, mais de renforcer l’accompagnement en amont pour permettre aux porteurs de projets d’atteindre la bancabilité », a-t-il souligné, insistant sur l’importance des dispositifs de préparation et de structuration.

Sur les grands projets d’infrastructures (villes nouvelles, réseaux ferroviaires, routes, équipements structurants), la dynamique d’investissement privé progresse. Mais même lorsque des mécanismes de préparation existent, le facteur temps reste déterminant pour amener ces projets au niveau de maturité requis.

La gestion du risque, un travail à la fois « collectif » et « évolutif »

Autre message central de son intervention : la gestion du risque ne peut être ni ponctuelle ni descendante. « Elle se doit de s’inscrire tout au long du cycle de vie du projet, avec une mobilisation continue des expertises autour de la table. »

Les risques évoluent, se transforment, se déplacent. Leur mitigation doit donc naturellement être régulièrement réévaluée. Cette démarche suppose un travail collectif associant développeurs, banques, investisseurs, experts techniques et institutions partenaires, dans une logique de responsabilité partagée.

Brahim Benjelloun Touimi a également souligné l’intérêt croissant des investisseurs pour une implication précoce dans les projets, dès les phases amont, afin de contribuer à la construction du profil de risque et d’aligner les projets sur les exigences du financement, tout en tenant compte des réalités locales.

Partager les risques, mais aussi structurer les instruments…

Même à maturité, aucun projet n’est totalement exempt de risques résiduels. Ceux-ci doivent être traités à travers une palette d’instruments financiers adaptés : garanties, financements concessionnels, mécanismes de partage de risques, financements mixtes.

Certains risques dépassent le périmètre strict des projets. Ils nécessitent l’implication coordonnée de plusieurs parties prenantes, ainsi qu’une ingénierie financière capable de répartir les expositions de manière équilibrée.

Les banques marocaines, des partenaires de long terme

Sans posture de surplomb, le président de la Bourse de Casablanca a rappelé que les banques marocaines en Afrique s’inscrivent dans une logique de partenariat durable, fondée sur la co-construction, l’expertise partagée et l’ancrage local. Leur rôle n’est pas de se substituer aux acteurs africains, mais d’agir aux côtés d’eux pour structurer des projets solides, finançables et créateurs de valeur.

Un message en phase avec l’esprit de l’AIF 2025, plateforme qui ambitionne précisément de transformer les projets africains en transactions effectives, dans une approche collective et équilibrée.

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