Accéder au financement est souvent un parcours semé d’embûches pour les TPME, mais les mécanismes de garantie ouvrent des portes que les banques hésitent parfois à franchir. Au Maroc, les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) constituent l’épine dorsale de l’économie nationale, représentant 99,6% du tissu économique selon le rapport 2021-2022 de l’Observatoire marocain de la TPME. Malgré leur prépondérance, ces entreprises rencontrent fréquemment des obstacles majeurs dans l’accès au financement, entravant ainsi leur croissance et leur compétitivité.
Pour pallier ces difficultés, le Maroc a mis en place des mécanismes de garantie visant à faciliter l’accès des TPME au crédit. Ces dispositifs permettent aux institutions financières de partager le risque associé au financement de ces entreprises, réduisant ainsi les exigences en matière de garanties et encourageant une approche plus inclusive du crédit.
La Caisse Centrale de Garantie (CCG), devenue Tamwilcom, joue un rôle central dans ce dispositif. Elle propose une gamme diversifiée de produits de garantie et de cofinancement adaptés aux besoins spécifiques des TPME. Par exemple, le produit « Damane Express » garantit entre 50% et 80% des crédits accordés par les banques aux TPME, facilitant ainsi le financement des projets d’investissement et de fonctionnement.
Il est inutile bien entendu de rappeler que derrière chaque entreprise qui se développe, il y a un soutien financier adapté. Les garanties permettent de sécuriser cet appui et de transformer des ambitions en réalités. L’efficacité des mécanismes mis en place se reflète dans les statistiques récentes. En 2023, le volume de crédits accordés aux TPME par les banques marocaines a enregistré une progression de 11,5% par rapport à 2022, atteignant un encours total de 211,9 milliards de dirhams. Cette augmentation témoigne de la confiance accrue des institutions financières envers les TPME, en grande partie grâce aux garanties offertes par des organismes comme Tamwilcom.
Cependant, une analyse plus approfondie révèle une répartition inégale de ces financements. Les petites et moyennes entreprises (PME) ont capté 78% du crédit total octroyé en 2023, tandis que les très petites entreprises (TPE) n’ont bénéficié que de 22% des financements. Cette disparité souligne la nécessité d’adapter davantage les mécanismes de garantie pour répondre aux besoins spécifiques des TPE, qui représentent une part significative du tissu économique mais restent sous-financées.
Pour qu’une entreprise franchisse un cap, elle a besoin plus que d’un simple financement : elle doit pouvoir compter sur des dispositifs qui accompagnent son évolution. Conscient de ces défis, le gouvernement marocain a entrepris plusieurs réformes pour renforcer le soutien aux TPME. La transformation de la CCG en société anonyme sous la dénomination de Tamwilcom vise à moderniser et à dynamiser le système national de garantie, en offrant des solutions plus adaptées et en améliorant l’efficacité des interventions.
Parallèlement, des fonds spécifiques ont été créés pour soutenir les entreprises en difficulté. Le « Fonds de soutien financier aux TPME », doté de 3,6 milliards de dirhams, cofinance avec les banques la restructuration financière des entreprises viables mais confrontées à des difficultés passagères. Depuis son lancement en 2014 jusqu’en mars 2016, ce fonds a bénéficié à 245 entreprises, préservant ainsi plus de 24 000 emplois et un chiffre d’affaires de plus de 12,5 milliards de dirhams.
Si les garanties ont prouvé leur efficacité, le défi demeure de taille : assurer un accès encore plus large et équitable au financement pour toutes les entreprises. Or, malgré les avancées notables, plusieurs défis persistent, notamment lorsque l’on sait que les dissolutions d’entreprises ont atteint un record de 9 740 cas en 2022, en hausse de 18% par rapport à 2021. Une tendance qui souligne bel et bien la fragilité de nombreuses TPME et l’importance de renforcer les mécanismes de soutien, notamment en période de crise.
Pour améliorer l’efficacité des systèmes de garantie, il est essentiel de diversifier les produits financiers proposés, d’adapter les conditions d’éligibilité aux réalités des TPME et de renforcer la collaboration entre les différentes parties prenantes, y compris les institutions financières, les organismes de garantie et les associations professionnelles.
Mohamed MOUNADI