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lundi 28 avril 2025

Transferts MRE : Le Maroc en ordre de bataille contre une directive européenne

Face à une directive européenne qui menace de bloquer les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE), le Maroc ne baisse pas les bras. Autorités, banques et institutions financières multiplient les actions pour contourner ce nouvel obstacle, qui pourrait peser lourdement sur l’économie nationale.

Adoptée par le Parlement européen et publiée au journal officiel le 19 juin 2024, cette directive entrera en vigueur le 1er janvier 2026. Officiellement, elle vise à restreindre l’activité des banques britanniques en Europe après le Brexit. Mais dans les faits, elle touche aussi les banques étrangères hors UE, y compris les établissements marocains présents dans sept pays européens et opérant à travers de nombreuses succursales et bureaux de représentation.

Conséquence directe : les transferts des MRE pourraient être fortement impactés, alors qu’ils représentent un levier économique majeur pour le Maroc. Ces envois de fonds, essentiels à la balance des paiements et aux dépôts bancaires nationaux (dont ceux des MRE constituent environ 20 %), risquent d’être ralentis, voire bloqués par la nouvelle réglementation.

Conscient des enjeux, Bank Al-Maghrib (BAM), les banques marocaines, le ministère des Affaires étrangères et celui de l’Économie et des Finances ont mis en place une « task force permanente ». Objectif : négocier avec la Commission européenne et les régulateurs des pays les plus concernés (France, Espagne, Italie, Belgique, Pays-Bas).

Dans ce cadre, des discussions ont été engagées avec les banques centrales européennes, afin de comprendre comment chaque État membre interprétera la directive au niveau national. Car même si le texte est communautaire, sa transposition varie d’un pays à l’autre.

Face aux incertitudes, les autorités marocaines explorent plusieurs pistes pour maintenir les flux financiers des MRE. Parmi elles :

Le recours aux solutions numériques, pour contourner d’éventuelles restrictions et garantir des transferts rapides et sécurisés.
L’adoption de modèles inspirés d’autres pays, confrontés à des restrictions similaires.
Un plaidoyer politique de haut niveau, avec l’implication directe du Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, qui recevra la « task force » pour affiner la stratégie marocaine.

Si cette directive venait à être appliquée strictement, les MRE pourraient voir leurs transferts ralentis, compliqués ou soumis à des frais plus élevés. Or, ces envois de fonds ont plus que doublé en une décennie, devenant un moteur clé du financement de l’économie marocaine.

Le Maroc entend donc défendre bec et ongles la continuité des services bancaires aux MRE. Au-delà des négociations, l’option digitale pourrait bien être la carte maîtresse pour contourner cette contrainte européenne et préserver les intérêts de la diaspora et du pays.

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