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jeudi 17 juillet 2025

Ressources en eau : le Maroc active ses leviers de résilience

Face à une pression hydrique grandissante, le Maroc intensifie sa stratégie de résilience en misant sur des solutions durables. À Jorf Lasfar, sur la façade atlantique, une unité de dessalement d’eau de mer incarne ce virage. Mise en service en 2023, elle alimente désormais Casablanca Sud en eau potable tout en couvrant les besoins industriels de la plateforme OCP locale.

Adossée à un vaste programme national et au plan de développement durable du groupe OCP, cette installation traduit une volonté claire : sécuriser l’accès à l’eau en misant sur les ressources non conventionnelles. Dessalement, réutilisation des eaux usées, énergies vertes… la logique est intégrée, circulaire et conçue pour durer.

Avec une capacité annuelle de 200 millions de mètres cubes, dont 60 réservés à Casablanca et 30 à El Jadida, Jorf Lasfar est désormais le plus grand site de dessalement au Maroc. L’autonomie hydrique du complexe industriel voisin est, elle aussi, assurée à hauteur de 65 millions de mètres cubes. Un pipeline de 200 kilomètres, récemment entré en service, permet d’acheminer l’eau jusqu’à Khouribga et d’alimenter la ville et son site minier.

Au-delà du volume, l’innovation réside dans la sobriété du procédé. L’unité utilise l’osmose inverse, associée à un système de récupération d’énergie permettant de couvrir jusqu’à la moitié des besoins énergétiques. Entièrement alimentée par des sources renouvelables, la station s’inscrit dans une stratégie à long terme. L’objectif est d’atteindre 600 millions de mètres cubes de capacité d’ici 2027.

Mais la réponse hydrique ne se limite pas au dessalement. Le groupe développe aussi des unités de traitement et de réutilisation des eaux usées, déjà opérationnelles dans huit villes, dont Marrakech, Safi et Fquih Ben Salah. À elle seule, la station de Marrakech traite 12 millions de mètres cubes par an.

Ces réalisations s’appuient sur une coordination étroite entre les acteurs publics, les collectivités et les filiales industrielles du groupe. Des liens étroits ont aussi été noués avec l’Université Mohammed VI Polytechnique pour renforcer les travaux de recherche et d’innovation autour de l’eau.

Cette dynamique nationale trouve un prolongement à Casablanca, où les travaux de la future station de dessalement ont été lancés en juin dernier. Implantée dans la commune de Lamharza Essahel, elle ambitionne de devenir la plus grande d’Afrique. Structurée en partenariat public-privé, elle s’inscrit dans le programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027.

Dans la région Casablanca-Settat, la Société Régionale Multiservices pilote en parallèle un plan d’urgence pour doter le territoire d’une trentaine de stations compactes de dessalement et de déminéralisation. Un investissement de 400 millions de dirhams a été mobilisé, en partie par l’État et par la région.

Dans un pays où chaque goutte compte, la contrainte hydrique devient ainsi un levier d’innovation. La technologie, appuyée par une vision cohérente et des moyens structurants, prend désormais une place centrale dans la sécurisation des ressources et dans la construction d’un modèle durable.

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