Le Maroc est devenu, en l’espace d’une semaine, l’un des pays les plus ciblés par les cybercriminels à l’échelle mondiale. Entre le 4 et le 10 juin 2025, le Royaume a enregistré 27 attaques, selon un rapport de la plateforme Hackmanac, spécialisée dans le suivi des menaces numériques. Ce chiffre alarmant place le pays au troisième rang des nations les plus touchées durant cette période, derrière l’Italie (44 attaques) et les États-Unis (43).
Au total, 218 cyberincidents ont été recensés cette semaine-là dans 34 pays. Les cibles principales ont été les institutions publiques et les entités sensibles : ministères, services de sécurité, armée, mais aussi opérateurs d’infrastructures critiques. Les administrations et les forces de l’ordre ont représenté à elles seules plus d’un tiers des attaques (33,5 %). Ces chiffres confirment une intensification des offensives numériques sur fond de tensions géopolitiques croissantes et de mutation rapide des modes opératoires des groupes hackers.
Au Maroc, les attaques se sont concentrées sur des domaines stratégiques : énergie, services financiers, télécommunications et administration publique. Autant de secteurs qui soutiennent des fonctions vitales et dont la paralysie peut avoir des répercussions lourdes. Certaines attaques ont également visé des infrastructures numériques liées aux services publics, soulignant la vulnérabilité des systèmes connectés dans une phase de transformation digitale accélérée.
Parmi les groupes identifiés, Keymous+ figure en première ligne. Cette entité, active dans le paysage cybercriminel international, s’attaque prioritairement aux États et aux entreprises opérant dans des secteurs à haute valeur stratégique. Selon les données disponibles, plusieurs de ses opérations récentes au Maroc ont ciblé des plateformes gouvernementales et des opérateurs d’importance vitale.
Cette recrudescence d’attaques intervient alors que le Maroc multiplie les initiatives pour se positionner comme une plaque tournante du numérique en Afrique. Le développement de services en ligne, la dématérialisation administrative, l’essor du e-gouvernement et le rôle grandissant des fintechs exposent davantage le pays aux menaces cybernétiques. Plus les systèmes sont connectés, plus ils deviennent vulnérables.
Le défi est d’autant plus crucial que le Maroc s’affiche comme un acteur technologique régional et un partenaire stratégique pour de nombreux projets internationaux. Dans ce contexte, les défaillances ou les intrusions malveillantes dans les systèmes d’information peuvent compromettre la sécurité nationale, la souveraineté numérique et la confiance des usagers.
Face à cette pression, les experts appellent à une montée en puissance rapide des moyens de protection. Pour les entreprises comme pour les institutions, l’enjeu est double : se doter d’infrastructures résilientes et anticiper les menaces par des dispositifs de détection avancés. Cela implique des investissements soutenus dans la cybersécurité, la formation des personnels, mais aussi une gouvernance renforcée de la donnée.
Le Maroc a lancé plusieurs programmes dans ce sens, à travers des partenariats publics-privés et une politique nationale en matière de cybersécurité. Mais les attaques de cette dernière semaine rappellent que le risque est systémique et que les protections doivent être constamment ajustées à l’évolution des menaces.