Le leader marocain de la minoterie Forafric amorce un tournant stratégique décisif. Connu pour ses marques populaires de farine et de semoule MayMouna et Ambre, le groupe revoit sa copie. Objectif : se recentrer sur le blé tendre, segment jugé plus stratégique dans un marché national sous tension.
Face à une surcapacité chronique du secteur et à une concentration autour de quelques grands acteurs, Forafric prend les devants. Le groupe dirigé par l’homme d’affaires Yariv Elbaz entame une restructuration en profondeur, marquée par la cession de plusieurs actifs jugés non essentiels. Une stratégie de recentrage assumée qui pourrait bien rebattre les cartes dans l’industrie meunière marocaine.
Le blé tendre, utilisé principalement dans la fabrication du pain – denrée centrale de la consommation marocaine – devient désormais la priorité de Forafric. Une décision stratégique, dans un pays où la consommation de blé dépasse les 10 millions de tonnes par an selon la FAO. Pour faire face à la saturation du marché, le groupe revoit donc ses priorités, capitalisant sur les produits de consommation courante.
Dans ce contexte, Forafric Global PLC a engagé, depuis le début de l’année, la cession de certains de ses actifs au Maroc. Parmi les plus emblématiques : ceux liés au blé dur et à la logistique.
L’un des mouvements les plus significatifs de cette restructuration est sans doute la vente de Finalog SA, acteur clé de la logistique céréalière. Implantée dans la zone logistique Mita, à Casablanca, cette société assurait le transport, la manutention et le stockage de céréales pour le groupe.
Elle passe désormais entre les mains d’un trio d’investisseurs marocains : Yassine Bennis, via Transwin SARL, spécialisée dans la logistique et le transport ; Chakib Elj, par le biais de Cap Holding SA, acteur dans la gestion de valeurs mobilières ; et Mohamed Hassan Bensalah, à travers Yellowrock SA, une filiale du groupe Holmarcom active dans le négoce et l’import-export de céréales. Le montant de la transaction reste confidentiel, mais le signal est fort.
Autre actif stratégique en cours de cession : les Grands Moulins du Tensift (GMT), implantés à Marrakech. Dotés d’une capacité d’écrasement de 750 tonnes par jour, ils avaient rejoint le giron de Forafric en 2022 via le rachat de la SIMS. Moins de deux ans plus tard, ils sont remis sur le marché. Une décision qui illustre la volonté du groupe de se délester de ses sites moins prioritaires pour concentrer ses forces sur des unités plus rentables.
Malgré ces cessions, Forafric conserve une empreinte industrielle puissante à travers le Royaume : les Grandes Semouleries du Maroc (Casablanca), celles de Safi, d’Essaouira, les Moulins de Had Soualem, Sanabil à Meknès, ou encore les Moulins de Ain Sebaa. Un réseau solide, appuyé par une diversification dans la nutrition animale, le stockage, le négoce et la fabrication de pâtes et couscous, notamment via sa marque TRIA.
Nouveau capitaine à bord : Khalid Assari de retour
Autre changement notable : la direction du groupe. Khalid Assari reprend les rênes de Forafric, succédant à Mustapha Jamaleddine, parti à la retraite. Assari connaît bien la maison : il avait déjà dirigé Forafric Maroc entre 2016 et 2018. Passé ensuite par l’immobilier et l’agroalimentaire, il revient avec un objectif clair : piloter ce virage stratégique et accompagner le groupe dans une nouvelle phase de croissance, plus agile et plus ciblée.
Avec cette série de décisions audacieuses, Forafric ne se contente pas de réagir aux difficultés du marché : il redéfinit ses priorités pour mieux les anticiper. En misant sur le blé tendre, en allégeant sa structure et en renforçant sa gouvernance, le groupe espère asseoir durablement son leadership. Dans un secteur qui doit encore se restructurer, Forafric prend le parti de l’initiative.
Un repositionnement qui pourrait bien inspirer d’autres acteurs du marché.