Au nord du Maroc, un projet novateur pourrait bien transformer la manière dont l’eau, l’énergie et l’agriculture cohabitent. À proximité du barrage d’Oued El Makhazine, dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, une initiative ambitieuse cherche à associer énergie solaire flottante et agriculture de précision pour mieux préserver les ressources naturelles tout en stimulant le développement local.
L’idée est simple mais audacieuse. Sur les eaux calmes du barrage, des panneaux photovoltaïques flottants capteront l’énergie du soleil sans empiéter sur les terres cultivables. Cette technologie, encore peu répandue au Maroc, permet non seulement de produire de l’électricité verte, mais aussi de limiter l’évaporation de l’eau, un enjeu crucial dans un contexte de stress hydrique croissant.
Autour de ce dispositif énergétique, un second pilier complète l’approche : l’agriculture de précision. En dotant les agriculteurs de technologies et de méthodes de pointe, le projet vise à rationaliser l’utilisation de l’eau et des intrants agricoles tout en améliorant les rendements. L’irrigation sera optimisée, les sols mieux préservés et les cultures plus résilientes face aux aléas climatiques.
Ce projet s’inscrit dans la logique du Nexus Eau-Énergie-Alimentation-Écosystèmes (WEFE), un cadre de réflexion qui invite à penser ensemble les grands équilibres nécessaires au développement durable. Plutôt que d’opposer les usages de l’eau, de l’énergie et de la terre, il s’agit de les articuler dans un modèle intégré et bénéfique pour l’ensemble du territoire.
Portée par le Partenariat Mondial de l’Eau en Méditerranée, cette initiative bénéficie du soutien du Programme des Nations Unies pour l’Environnement dans le cadre d’une vaste stratégie pour les zones côtières de la Méditerranée. À travers ce projet pilote, le Maroc entend démontrer qu’il est possible d’allier transition énergétique, sécurité alimentaire et préservation des écosystèmes.
Dans une région marquée par la pression sur les ressources et les effets visibles du changement climatique, ce mariage entre technologie et gestion durable pourrait devenir un modèle inspirant bien au-delà des frontières marocaines.
