L’économie marocaine a démarré l’année 2025 sous de bons auspices, enregistrant une croissance solide de 4,8 % au premier trimestre, soutenue par le redressement de l’agriculture et la vigueur des secteurs secondaire et tertiaire. Selon les derniers chiffres publiés par le Haut Commissariat au Plan (HCP), le rythme, légèrement modéré au deuxième trimestre avec une progression estimée à 4,6 %, devrait se maintenir dans les prochains mois, malgré les incertitudes pesant sur la demande extérieure.
Les moteurs de la croissance ont largement reposé sur la consommation intérieure, portée par l’amélioration du marché du travail et la progression des revenus des ménages. La consommation des ménages a ainsi accéléré de 4,4 % au premier trimestre, tandis que la consommation publique poursuivait son expansion avec une hausse de 5,2 %. L’investissement a également marqué un net rebond, bondissant de 17,5 %, grâce notamment à la relance des grands chantiers d’infrastructures et à un dynamisme retrouvé dans les secteurs de l’eau et de la construction.
Si la demande intérieure a constitué un levier majeur, la demande extérieure a pesé sur la croissance. Le ralentissement des exportations, limitées à une progression de 2,2 % au premier trimestre contre près de 10 % un trimestre plus tôt, s’est accentué avec la baisse de la demande en provenance d’Europe. Dans le même temps, les importations ont continué à croître, nourries par une consommation dynamique et des investissements soutenus.
Sur le plan budgétaire, les recettes publiques ont fortement progressé (+21,6 %), tandis que les dépenses ont conservé un rythme élevé. Le besoin de financement des administrations est resté contenu, malgré une hausse du besoin de financement global tirée par les entreprises.
Au deuxième trimestre, la croissance s’est appuyée sur la bonne tenue des services et du secteur extractif, dopé par la forte demande en phosphate. La construction, tirée par les projets d’infrastructures, a également enregistré une progression marquée (+6,8 %). L’agriculture a poursuivi son redressement, malgré des conditions climatiques contrastées qui ont impacté certaines productions. La demande intérieure est restée le principal moteur de la croissance, même si la consommation publique a légèrement ralenti.
L’inflation, quant à elle, a poursuivi son repli, pour atteindre 0,8 % au deuxième trimestre, grâce notamment à une accalmie sur les prix alimentaires et à une baisse des prix de l’énergie. L’inflation sous-jacente est descendue sous les 2 % pour la première fois depuis 2021.
Les marchés financiers ont bénéficié de ce contexte favorable. La masse monétaire a progressé de 7,6 %, tandis que les créances sur l’économie ont augmenté de 7,5 %, soutenues par des crédits à l’équipement en hausse. Bank Al-Maghrib a maintenu son taux directeur à 2,25 %, consolidant ainsi la stabilité monétaire. Le marché boursier est resté orienté à la hausse, avec une envolée de plus de 37 % de l’indice MASI, reflet d’une confiance accrue des investisseurs.
Pour le troisième trimestre, la croissance devrait se poursuivre à un rythme légèrement plus modéré, autour de 4,4 %. La demande intérieure resterait solide, tandis que les exportations pourraient souffrir d’un contexte international plus incertain. L’inflation devrait se stabiliser à 1,1 %, sous réserve d’une évolution favorable des prix énergétiques et alimentaires.
Les risques à court terme restent dominés par les incertitudes internationales, notamment les tensions commerciales et le ralentissement économique en Europe. Toutefois, des facteurs positifs, comme un éventuel renforcement des filières agroalimentaires ou une baisse des cours du pétrole, pourraient atténuer ces vulnérabilités.