Le Maroc prévoit de récolter plus de 3,5 milliards de dirhams en droits d’importation sur les boissons alcoolisées en 2026, selon les prévisions inscrites dans le projet de loi de finances présenté lors du conseil des ministres du 19 octobre dernier.
Dans le détail, ces recettes proviendraient à hauteur de 1,4 milliard de dirhams des droits sur le vin et les alcools forts, et à 1,9 milliard de dirhams de ceux appliqués à la bière importée. Ces montants confirment le poids budgétaire des taxes sur l’alcool dans un pays où la consommation reste régulée mais économiquement encadrée.
Si ces chiffres traduisent une stabilité apparente du dispositif fiscal en vigueur, ils relancent aussi le débat sur les niveaux de taxation appliqués aux produits alcoolisés. Le Maroc impose depuis plusieurs années des droits élevés sur ce segment, dans un cadre réglementaire qui s’appuie sur les taux préférentiels de la nation la plus favorisée (NPF). Selon plusieurs analystes, le vin importé est ainsi frappé d’un tarif équivalant à près de 49 % de sa valeur, sans compter les marges commerciales locales.
Dans la pratique, cette pression fiscale se traduit par des prix nettement supérieurs à ceux constatés dans des marchés comparables. Guides touristiques et plateformes de consommation soulignent régulièrement que les bouteilles vendues au Maroc — notamment dans les enseignes spécialisées ou les établissements hôteliers — peuvent atteindre des niveaux difficilement accessibles pour une large part des clients.
Le secteur reste néanmoins une source de revenus non négligeable pour les finances publiques. En 2023 déjà, les recettes fiscales issues de l’alcool et du tabac figuraient parmi les principales contributions des taxes indirectes.
Alors que le projet de loi de finances 2026 prévoit aussi de renforcer les recettes issues d’autres produits soumis à taxation spécifique, les boissons alcoolisées confirment leur place dans l’équation budgétaire, entre encadrement réglementaire et optimisation fiscale.
