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Mawazine : Burning Spear fait vibrer Rabat avec un reggae de feu

Mawazine : Burning Spear fait vibrer Rabat avec un reggae de feu

Burning Spear a offert un moment rare vendredi soir sur la scène Bouregreg. Pour son retour au Maroc, l’icône du reggae a livré un concert dense, habité, devant un public conquis. Une immersion profonde dans l’univers spirituel et militant de ce chanteur jamaïcain dont la voix résonne depuis plus de cinq décennies comme un appel à la conscience et à la résistance.

Dès les premières notes, la scène s’est transformée en territoire roots. La basse lourde, les cuivres chauds, les nappes discrètes du clavier, chaque élément du groupe semblait taillé sur mesure pour porter la voix puissante de Winston Rodney, alias Burning Spear. À 80 ans, l’artiste n’a rien perdu de sa présence. Il avance lentement, tambour rouge à la main, frappe en cadence, et la foule répond. Une communion se tisse, dans les rythmes comme dans les regards.

Le public de Rabat, massé au bord du fleuve, n’a rien manqué de cette performance construite autour de titres emblématiques comme Columbus, Jah Nuh Dead ou Marcus Children Suffer. Autant de morceaux qui prolongent, en musique, l’héritage de Marcus Garvey et la mémoire collective du peuple noir. Entre chaque chanson, Burning Spear laisse le silence s’installer. Il n’en rajoute pas. Son message passe par la musique, par le souffle, par le groove.

L’interprétation est sobre, intense. Pas de démonstration, mais une sincérité qui traverse tout. Le chanteur danse, hoche la tête, lève les bras, enchaîne les petits pas. Sa voix, grave et intacte, semble jaillir du fond des temps. Autour de lui, ses musiciens tissent une trame rythmique solide. La section cuivre relance les refrains, les percussions enveloppent les mots. Un concert sans fioritures, concentré sur l’essentiel.

L’un des moments les plus puissants de la soirée restera cette séquence où l’artiste, tambour en main, impose un rythme nouveau. Les frappes sont sèches, nettes. La scène s’embrase sous les lumières rouge et or. Dans ce geste, il y a autant de musique que de rituel. Et la foule comprend, applaudit à l’unisson, emportée par cette énergie brute.

Né à Saint Ann’s Bay en 1945, le même village que Bob Marley, Burning Spear appartient à cette génération fondatrice du reggae qui a porté la voix des opprimés bien au-delà des rivages de la Jamaïque. Son œuvre reste indissociable du combat rastafari, de la revendication africaine, de la mémoire post-coloniale. Et c’est précisément ce que le public de Mawazine est venu retrouver sur la scène Bouregreg : une musique enracinée, libre, traversée de spiritualité et de dignité.

Ce concert s’inscrit dans la 20e édition du Festival Mawazine-Rythmes du Monde, organisé par l’Association Maroc Cultures sous le Haut Patronage du Roi Mohammed VI. Jusqu’au 28 juin, les scènes de Rabat et Salé accueilleront des artistes venus du monde entier. Deux décennies après sa création, l’événement s’impose comme l’un des plus grands rendez-vous musicaux de la planète.

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