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Private equity, titrisation, PPP : les nouveaux visages du financement au Maroc

Private equity, titrisation, PPP : les nouveaux visages du financement au Maroc

Le Maroc a engagé, depuis plusieurs années, une refonte méthodique de ses marchés de capitaux. Cette transformation progressive vise à moderniser les mécanismes de financement, diversifier les sources d’investissement et consolider les bases d’une croissance durable. Un mouvement soutenu par le programme J-CAP Sustainable Finance Facility du Groupe de la Banque mondiale, avec l’appui du Secrétariat d’État à l’économie suisse, qui accompagne les réformes les plus structurantes du système financier marocain.

Le Royaume capitalise sur son positionnement stratégique en Afrique, avec Casablanca Finance City comme vitrine de son ambition régionale. Ce rôle affirmé de hub financier africain s’accompagne d’une volonté claire d’attirer davantage de capitaux étrangers, de soutenir les projets d’infrastructure et de stimuler l’emploi et le tourisme.

Mais les entreprises continuent, pour la plupart, de s’appuyer sur le crédit bancaire. Comme dans beaucoup d’économies émergentes, la montée en puissance du marché des capitaux reste freinée par des habitudes structurelles et des contraintes d’accès.

Face à ce constat, les autorités marocaines ont engagé plusieurs réformes de fond. La Bourse de Casablanca a mis en place une infrastructure unifiée intégrant une chambre de compensation centrale. Un marché à terme est en cours de finalisation. De nouveaux outils sont venus enrichir le paysage : OPCI, sukuks, obligations vertes, project bonds, obligations sécurisées. Le financement participatif fait son apparition, tandis que la titrisation synthétique devient un levier de gestion des risques pour les institutions financières.

Deux opérations récentes illustrent les effets concrets de cette dynamique. L’Office national de l’électricité et de l’eau potable a levé plus de 400 millions de dollars via un fonds de dette titrisée dédié aux infrastructures, en mobilisant des flux privés à partir de créances futures. Une première au Maroc, rendue possible par un cadre juridique adapté. Parallèlement, la réforme du statut des Organismes de Placement Collectif en Capital a permis d’aligner la législation nationale sur les standards internationaux. L’IFC, bras financier du Groupe de la Banque mondiale, a d’ailleurs concrétisé un premier investissement direct dans un fonds marocain.

Pour autant, l’appropriation des nouveaux instruments reste inégale. Certains, comme les fonds de private equity ou les OPCI, gagnent en traction. D’autres, à l’image des project bonds ou des fonds de dette, peinent à émerger. Plusieurs obstacles freinent encore l’élargissement de la base bénéficiaire.

Le tissu des PME, souvent peu structuré, manque de maturité financière. Beaucoup d’entreprises peinent à rendre leur gouvernance lisible ou à s’ouvrir à des investisseurs. Le développement de programmes de préparation à l’investissement, axés sur la transparence et la gestion, devient indispensable pour favoriser leur intégration dans le marché.

Autre défi : la constitution d’un portefeuille solide de projets bancables. Si le cadre juridique encadrant les PPP est en place, le nombre de projets réellement prêts à être financés reste limité. Le renforcement de la coordination entre acteurs, la mise à disposition d’expertise technique et la création d’un fonds de préparation pourraient faciliter la structuration de projets dans des secteurs clés comme les transports, l’énergie ou les infrastructures vertes.

La base d’investisseurs, elle aussi, reste à élargir. Les investisseurs institutionnels manquent d’options attractives. Les particuliers fortunés et family offices restent présents, mais le marché peine à capter l’épargne du grand public. Une harmonisation des règles, un élargissement des supports et un renforcement des compétences financières sont autant de pistes pour mieux orienter l’épargne longue vers l’économie productive.

La mise en place d’une agence de notation locale, aujourd’hui absente, permettrait d’apporter plus de transparence, de fiabilité et de profondeur au marché. Elle renforcerait la confiance des investisseurs et améliorerait l’allocation du capital.

Dans ce contexte, l’Association Marocaine des Investisseurs en Capital continue de promouvoir le capital-investissement et les OPCC comme des instruments essentiels de financement des entreprises non cotées et de soutien à l’économie réelle. Elle défend une vision ancrée dans l’investissement de long terme, alignée sur les meilleures pratiques internationales.

Les acteurs agréés dans ce domaine jouent un rôle structurant dans l’écosystème national. Parmi eux figurent notamment AlphaVest Capital, APM Capital Morocco, Groupe A.P. Møller Capital Morocco, Atlamed Capital, Atlas Capital Private Equity, Attijari Capital Management, Azur Innovation Management, BMCE Capital Investments, Capital Trust Invest, CDG Invest Management, CDG Invest, Growth EmergingTech Ventures, IMG Capital, Mediterrania Capital Partners Gestion, PE Partners, Private Equity Initiatives (AfricInvest Group), Red Med Private Equity, Upline Group Investments et Valoris Capital.

À travers cette dynamique de réforme et d’innovation, le Maroc trace la voie d’un marché des capitaux plus ouvert, plus efficace et mieux adapté aux besoins de son économie. Un chantier de long terme, où les partenariats publics-privés et les investisseurs privés sont appelés à jouer un rôle moteur dans la transformation économique du pays.

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