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IKEA et JYSK : des meubles qui coûtent deux fois plus cher au Maroc qu’en France

Ikea et Jysk : des meubles qui coûtent deux fois plus cher au Maroc qu’en France

Les meubles sont identiques, les références aussi, le design reste le même. Pourtant, les prix affichés dans les rayons marocains de grandes enseignes comme IKEA ou JYSK font régulièrement bondir les clients avertis. À produit égal, l’écart avec les tarifs pratiqués en France atteint parfois le double, voire davantage. Et dans la plupart des cas, il dépasse largement la simple variation du taux de change.

À titre d’exemple, le fauteuil emblématique STRANDMON d’IKEA, modèle Nordvalla gris foncé, est vendu 299 euros en France. Au Maroc, le même fauteuil est proposé à 5 999 dirhams. Soit un écart de près de 100 %. Même modèle, même tissu, mais tarif final doublé.

Même constat pour le lit bébé SNIGLAR, structure en bois de hêtre, dimension 60×120 cm. En France, il coûte 59,99 euros, soit environ 660 dirhams. Au Maroc, le même lit est vendu à 1 495 dirhams. Là encore, l’addition finale est plus que doublée. Et c’est loin d’être un cas isolé.

Ne parlons même pas du meuble intitulé « SKYTTA ». Les images des prix ci dessous parlent d’elles mêmes :

Chez JYSK, autre enseigne scandinave de mobilier, les écarts ne sont pas moindres. Le cadre de lit MARKSKEL 140×190 cm, en blanc et chêne naturel, est proposé à 275 euros en France (offre Black Friday vs 349 euros prix habituel). Sur le site marocain de la marque, il grimpe à 6499 dirhams. Autrement dit, plus de 120 % de surcoût par rapport à la conversion simple.

L’armoire VEDDE, en version 220×197 cm avec miroir, suit la même logique. Vendue 649 euros en France, elle atteint jusqu’à 9999 dirhams au Maroc, même en période de promotion.

Ces écarts tarifaires, aussi réguliers que massifs, interrogent. Plusieurs éléments sont généralement avancés pour justifier ces différences : coûts d’importation, droits de douane, transport maritime, stockage local, fiscalité, charges salariales et logistique locale. Autant de postes que les filiales marocaines doivent assumer sans bénéficier des volumes gigantesques de distribution du marché européen.

L’argument du volume est récurrent : en Europe, les enseignes écoulent leurs stocks à une échelle massive, optimisent les coûts à chaque étape, et peuvent négocier des tarifs compétitifs auprès des fournisseurs. Le Maroc reste un marché plus restreint, avec un réseau limité, des frais fixes répartis sur moins d’unités, et une implantation encore en cours de développement.

Mais ces explications ne suffisent pas toujours à convaincre. Lorsqu’un meuble de base, sans complexité logistique particulière, voit son prix doubler sans modification de gamme ni prestation incluse, les consommateurs s’interrogent. Beaucoup comparent, publient des tableaux de conversion, exposent des captures d’écran. Et surtout, certains envisagent des solutions alternatives : commandes groupées depuis l’étranger, recours à des transitaires ou à des circuits parallèles.

La perception d’un traitement à deux vitesses s’installe peu à peu. D’autant que dans une partie de la clientèle, bien informée, l’idée d’une enseigne « démocratique » censée rendre le design accessible ne cadre plus avec ces écarts. Acheter IKEA ou JYSK au Maroc revient parfois plus cher que de commander du mobilier en ligne depuis l’Europe, même en comptant les frais de port.

Face à cette situation, les marques gagneraient à clarifier leur politique tarifaire locale. Expliquer ce qui compose un prix, détailler les coûts logistiques, assumer une stratégie si elle est différente, pourrait apaiser la frustration grandissante. Sans cela, la défiance risque de s’installer durablement, alimentée par les comparaisons, les écarts injustifiés et l’absence d’explication.

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