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lundi 14 juillet 2025

Thierry Ardisson, une voix singulière de la TV française, est mort

Thierry Ardisson, figure marquante de la télévision française, s’est éteint lundi à l’âge de 76 ans. Le producteur et animateur, qui a imposé son ton provocateur dès les années 1980, laisse derrière lui un vaste héritage audiovisuel.

Autodidacte, il avait fait ses premiers pas à la télévision en 1985 avec « Descente de police », sur TF1. Inspirée de ses entretiens publiés dans « Rock & Folk », l’émission mettait en scène des interviews au format frontal, menées comme des interrogatoires. Une approche inédite, qui allait devenir sa marque de fabrique.

Son parcours l’a mené d’une chaîne à l’autre, de TF1 à Antenne 2, au gré d’émissions devenues cultes : « Scoop à la Une », « Bains de Minuit », « Lunettes noires pour nuits blanches », « Télé Zèbres », « Double Jeu » ou encore « Ardimat ». Toujours en noir, une couleur qu’il disait amincissante, il assumait une posture agressive, notamment lors de ses années « Lunettes noires », où il cherchait à désarçonner ses invités.

Après une période d’éclipse, il revient en 1998 avec « Tout le monde en parle » sur France 2. Ce talk-show, coanimé avec Laurent Baffie, devient un rendez-vous incontournable du samedi soir, entre confidences intimes et provocations assumées. En 2006, sommé de trancher entre le service public et Paris Première, il choisit la seconde, y lançant « 93, Faubourg Saint-Honoré », des dîners filmés dans son appartement.

La même année, il crée « Salut les Terriens ! » sur Canal+, avant de rejoindre C8 en 2016. L’émission prend fin en 2019, Ardisson refusant de revoir à la baisse les coûts de production. En 2022, il fait un retour remarqué avec « Hôtel du temps » sur France 3, où des figures disparues sont recréées par intelligence artificielle pour des entretiens fictifs. Il imaginera encore en 2024 le magazine « Nos grandes décisions » sur France 2, confié à Hugo Clément.

La chaîne INA lui a consacré un espace dédié, « Ina Arditube », retraçant ses 35 ans d’émissions. Certaines ont mal vieilli. Christine Angot a ainsi évoqué à plusieurs reprises son malaise sur le plateau de « Tout le monde en parle », où l’inceste, thème central de ses livres, avait été tourné en dérision.

En janvier 2024, Emmanuel Macron lui remet la Légion d’honneur. Un hommage contesté, notamment par Judith Godrèche. Le président salue alors « un homme libre, érudit et provocateur ». Quelques semaines plus tôt, Ardisson regrettait un paysage audiovisuel devenu, selon lui, trop lisse.

Le 10 mai, lors de sa dernière apparition sur France 2 dans « Quelle Époque ! », il compare Gaza à Auschwitz. Ses propos choquent. Il présente ensuite ses excuses à la communauté juive.

Né en 1949 à Bourganeuf, dans la Creuse, il passe une partie de son enfance en Algérie, avant de poursuivre sa scolarité en internat catholique en Haute-Savoie. Il revendiquait sa foi, son attachement à Paris, ses convictions royalistes et un certain goût pour l’argent.

Avant la télévision, il avait percé dans la publicité, créant des slogans devenus emblématiques comme « Lapeyre, y’en a pas deux » ou « Quand c’est trop, c’est Tropico ». Il avait aussi dirigé plusieurs titres de presse, dont « L’Ebdo des Savanes » ou « Entrevue », parfois au prix de condamnations judiciaires.

Également producteur de fictions et auteur, il s’était livré dans un livre autobiographique publié en 2005. Père de trois enfants, il partageait depuis 2014 la vie d’Audrey Crespo-Mara.

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