Le sommet des BRICS+ s’est tenu les 6 et 7 juillet à Rio de Janeiro, soulignant la montée en puissance du bloc, désormais composé de dix pays et représentant près de 45 % de la population mondiale ainsi que 31 % du PIB en parité de pouvoir d’achat. Pendant ce temps, l’Institut Royal des études stratégiques (IRES) a publié un rapport, datant de mai 2024, analysant les opportunités et les contraintes pour le Maroc dans ce nouvel ordre mondial.
Élargis à l’Afrique et au Moyen‑Orient grâce à l’arrivée de l’Égypte, des Émirats, de l’Éthiopie et de l’Iran, ces BRICS+ prennent de l’ampleur en influence et en ambition. Le Maroc, engagé depuis longtemps dans une diversification de ses partenariats, se trouve à un carrefour diplomatique stratégique. L’enjeu : profiter des nouveaux marchés tout en préservant ses liens durables avec le G7.
L’analyse de l’IRES passe au crible les relations bilatérales du Maroc avec chaque membre du bloc. Elle met en lumière des coopérations dynamiques, à l’image des liens très solides avec les Émirats, tandis que d’autres relations restent timides ou plus compliquées. Côté occidental, les échanges avec le G7 atteignent 36,2 milliards de dollars, avec un déficit commercial modeste et un taux de couverture de près de 70 %. Pour l’IRES, ces partenariats qualitativement forts—politiques, sécuritaires et culturels—constituent toujours un atout majeur.
L’étude critique l’idée d’une adhésion pleine aux BRICS+, jugée peu rentable pour le Maroc à l’horizon 2035. Elle pointe plusieurs risques : rupture avec des alliés historiques, forte dépendance envers l’Europe, importance des liens sécuritaires avec l’OTAN et le G7. Plutôt que l’adhésion, l’IRES propose une stratégie de « souplesse diplomatique », combinant ouverture sur les BRICS+ et maintien des acquis avec l’Occident, suivant ainsi la tradition équilibrée et pragmatique du Royaume.
Au final, le rapport trace le contour d’une posture médiane visant à saisir les opportunités économiques offertes par les BRICS+, sans fragiliser les fondations établies avec les partenaires occidentaux. C’est cette « agilité stratégique » qui pourrait renforcer l’influence du Maroc dans un monde multipolaire en pleine redéfinition.