Accueil Dossiers Spéciaux & Décryptages Industries créatives : quand le Maroc exporte sa musique, son cinéma et...

Industries créatives : quand le Maroc exporte sa musique, son cinéma et son gaming

Industries créatives : quand le Maroc exporte musique, cinéma et gaming

Le Maroc s’affirme peu à peu comme un exportateur culturel. Longtemps cantonné à un rôle de consommateur de contenus venus d’ailleurs, le pays voit aujourd’hui ses artistes, réalisateurs et créateurs numériques franchir les frontières, trouvant un écho auprès de publics étrangers. Musique, cinéma, jeu vidéo… trois secteurs qui illustrent cette montée en puissance.

La scène musicale marocaine s’ouvre désormais à des audiences mondiales. Les figures de l’urbain et de l’électro, comme ElGrandeToto, Manal ou DJ Van, cumulent des millions d’écoutes sur Spotify et YouTube, se produisent sur des scènes européennes, africaines ou moyen-orientales, et parviennent à intégrer des playlists internationales. Cette visibilité s’appuie aussi sur des événements à forte portée, tels que Visa for Music, qui réunit chaque année environ 15 000 spectateurs et 1 000 professionnels, avec un record de 16 000 participants en 2022, ou encore le Gnaoua World Music Festival d’Essaouira, capable d’attirer jusqu’à 500 000 visiteurs en quatre jours. Le streaming joue un rôle décisif dans cette ouverture, même si les artistes dénoncent encore des lacunes en matière de droits d’auteur et de financement de projets ambitieux.

Le cinéma marocain, lui, consolide sa place dans les festivals et marchés étrangers. Des productions nationales décrochent des sélections à Cannes, Berlin ou au Festival international du film de Marrakech, tout en multipliant les coproductions avec l’Europe et le Moyen-Orient. Le pays mise sur ses atouts : des décors variés, des coûts compétitifs et des équipes techniques reconnues. En 2023, il a attiré des investissements étrangers record grâce à un système de remboursement fiscal mis en place pour séduire les tournages internationaux. Plusieurs films marocains ont trouvé preneur sur des plateformes mondiales comme Netflix, mais la bataille reste rude pour percer dans les circuits de distribution internationale.

Le jeu vidéo complète ce tableau d’exportation culturelle. Encore jeune, l’industrie locale développe des titres vendus ou adaptés pour des marchés étrangers. Des studios marocains collaborent avec de grands éditeurs internationaux, tandis que la scène e-sport gagne en notoriété, portée par la participation de joueurs et équipes marocaines à des compétitions mondiales. Le marché pèse déjà plus de 500 millions de dollars par an et vise à doubler d’ici 2030, soutenu par des projets structurants comme “Rabat Gaming City”, doté d’un investissement de 26 millions de dollars.

Si l’essor est visible, il ne masque pas les fragilités. En 2015, les exportations marocaines liées aux industries créatives atteignaient 220,2 millions de dollars, dominées par le design (73 %), l’artisanat (15 %) et les arts visuels (8 %), avec des importations largement supérieures. Depuis, la dynamique est en hausse, mais les aides publiques restent limitées, le financement privé timide, et la protection des droits intellectuels insuffisamment appliquée. Pourtant, les perspectives sont réelles, surtout si musique, cinéma et gaming parviennent à créer des passerelles, en croisant leurs talents et leurs marchés.

Quitter la version mobile